Moscou a envoyé une équipe à Ankara pour enquêter sur l’assassinat de son ambassadeur

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Il était l’un des principaux artisans du spectaculaire rapprochement opéré par Moscou et Ankara. Ambassadeur de Russie en Turquie, Andreï Karlov a été assassiné le 19 décembre alors qu’il prononçait un discours dans une galerie d’art de la capitale turque.

« Il a fait tout ce qu’il pouvait pour surmonter la crise dans les relations turco russes, déclenchée il y a un an par ces événements tragiques », a rappelé Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, en évoquant l’affaire du bombardier tactique Su-24 Fencer russe abattu par l’aviation de chasse turque, en novembre 2015.

Ayant commencé sa carrière durant la période soviétique, M. Karlov, 62 ans, avait en poste à Pyongyang puis à Séoul avait d’être affecté, en 2013, à Ankara.

Après avoir fait feu, l’assassin du diplomate russe, Mevlüt Mert Altintas, a tenu des propos aux accents  jihadistes. « Nous sommes ceux qui ont voué allégeance à Mohammed pour le djihad jusqu’à notre dernière heure », a-t-il dit, avant de faire une référence à la situation syrienne. « N’oubliez pas la Syrie, n’oubliez pas Alep ! Tant que les habitants n’y seront pas en sécurité, vous ne le serez pas non plus », a-t-il lancé, avant d’être abattu par la police turque.

Selon les premiers éléments, Altintas, jeune membre de la police anti-émeute, n’était pas en service. Grâce à son badge de policier, il a pu franchir le portique de sécurité avec son arme. Sur les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on le voit prendre la posture d’un garde du corps, derrière l’ambassadeur russe (voir photo).

Pour Vladimir Poutine, le président russe, l’assassinat d’Andreï Karlov est « sans aucun doute une provocation destinée à perturber la normalisation des relations russo-turques et le processus de paix en Syrie. »

Son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, n’a pas dit autre chose. « Nous savons qu’il s’agit d’une provocation visant à (…) nuire au processus de normalisation des relations entre la Turquie et la Russie », a-t-il affirmé lors d’une allocution télévisée.

Par ailleurs, plusieurs journaux turcs ont affirmé, ce 20 décembre, que Mevlüt Mert Altintas pourrait être lié au prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’être à l’origine du coup d’État manqué du 15 juillet dernier et actuellement exilé aux États-Unis. Or, ce dernier s’est dit « choqué et profondément attristé » par l’assassinat du diplomate russe. Comme souvent dans ce genre d’affaire, il faut prendre la moindre information avec des pincettes étant donné le risque de manipulation…

Quoi qu’il en soit, Moscou a envoyé une équipe de 18 personnes, dont des agents de renseignement et des diplomates, pour enquêter sur cette affaire.

« Le groupe opérera en Turquie dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de l’ambassadeur de Russie Andreï Karlov, conformément à l’accord trouvé entre les présidents russe et turc lors de leur conversation téléphonique », a précisé Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Côté turc, il a été fait état de mise en garde à vue de 6 personnes proches de Mevlüt Mert Altintas . Toutes ont été arrêtées à Aydin, ville de l’ouest de la Turquie d’où était originaire l’assassin de M. Karlov.

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