Les anciens tirailleurs sénégalais pourront obtenir plus facilement la nationalité française

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Originaire de Casamance, l’adjudant Bourama Dieme fut une figure de l’armée française. Né le 5 janvier 1919, il n’a que vingt ans quand il est incorporé au 16e Régiment de Tirailleurs Sénagalais (RTS), alors installé à Cahors.

Lors de la « drôle de guerre », il est envoyé avec ses camarades dans la région de Sarrebourg (Lorraine). Puis, quand commence la campagne de France, il prend part, avec son régiment, à une contre-attaque lancée dans la Somme. Le 5 juin, les tirailleurs, encerclés, tentent une sortie baïonnette au canon. Certains réussissent à s’échapper, d’autres, pris par l’ennemi, sont froidement exécutés.

Fait prisonnier, Bourama Dieme est transféré dans les Landes. Puis il parvient à s’évader et à rejoindre Dakar. Puis il finit par s’engager au sein des Forces Françaises Libres (FFL), avec lesquelles il participe aux opérations en Italie et au débarquement en Provence. La guerre terminée, il rempile et part en Indochine, où, avec 50 autres tirailleurs sénagalais en mauvaise posture face au Viet Minh, il met en déroute l’ennemi en faisant preuve d’audace et de courage.

Ce qui lui vaudra ses galons de sergent et la Croix de guerre avec palmes, remise par le général de Lattre de Tassigny, accompagnée par cette citation : « À fait preuve d’une très heureuse initiative pour empêcher l’accès de la tour qui venait de s’écrouler en tirant à découvert par la porte de son blockhaus. Magnifique entraîneur d’homme, faisant chanter ses tirailleurs devant l’assaut ennemi, maintenant ainsi un moral admirable à l’intérieur de son poste . »

Après Dien Bien Phu, le sous-officier, qui a épousé une vietnamienne, quitte l’Indochine après avoir accumulé les faits d’armes et les médailles. Il est ensuite affecté en Algérie, où il est promu sergent-chef. En 1956, il participe à l’expédition de Suez, en Égypte. Puis, au moment de la décolonisation, son histoire avec l’armée française se termine. Le Sénéral étant devenu indépendant, il est reversé dans les forces sénégalaises avec le grade d’adjudant. Dans les années 1960, il prendra part à une opération de maintien de la pais des Nations unies au Congo-Kinshasa, avant de quitter l’uniforme, à l’âge de 45 ans.

En 1989, cet homme qui servit les armes de la France (il sera élevé au grade de commandeur) vient s’installer en France, précisément à Sarcelles. Vivant chichement – sa pension d’ancien combattant ayant été « critallisé » au moment de l’indépendance sénégalaise, il finit par obtenir la nationalité française en 1993, avant s’éteindre 6 ans plus tard. En 2004, il fut choisi comme parrain par les élèves sous-officiers de la 225e promotion de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (ENSOA) de Saint-Maixent-l’École.

Comme on le voit, l’attribution de la nationalité française n’est pas automatique pour celles et ceux qui ont pourtant servi courageusement la France… Mais cela va sans doute changer, du moins pour les anciens tirailleurs sénégalais, dont les derniers régiments ont été dissous entre 1960 et 1962.

En effet, à l’occasion de la visite, à Paris, de Macky Sall, son homologue sénégalais, le président Hollande a pris l’engagement, ce 20 décembre, de faciliter l’octroi de la nationalité française à ces anciens combattants de la « Force noire ».

« J’ai demandé qu’il y ait des instructions très claires qui soient données pour qu’il y ait toutes les facilités pour leur permettre d’accéder à la nationalité française », a en effet affirmé le chef de l’État. « C’est eux qui formeront cette demande mais on compte bien marquer la reconnaissance. Il n’y a pas plus belle reconaissance que de pouvoir accueillir ces anciens combattants dans la nationalité française », a-t-il ajouté.

En novembre, une élue de Bondy, Aïssata Seck, avait précisé, auprès de l’AFP, que sur les 30 anciens tirailleurs sénégalais de sa commune ayant entrepris les démarches pour obtenir la nationalité française, « 29 ont essuyé un refus ». Les raisons sont essentiellement d’ordre administratif étant donné qu’il leur est souvent difficile de produire des documents d’état-civil. Du moins pour ceux nés dans des villages où les registres de naissance n’existaient pas.

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