Les Nations unies font état d’une « hausse alarmante » des violences en Centrafrique

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Parce qu’elle avait atteint ses objectifs – empêcher des massacres de masse à Bangui, relancer le processus politique et assurer la montée en puissance de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafrique (MINUSCA) – l’opération française Sangaris a pris officiellement fin le 30 octobre dernier.

Pour autant, les problèmes de la Centrafrique sont loin d’être réglés et le pays est toujours en proie à des poussées de violence dues à des groupes armés toujours actifs qui s’affrontent sur fond de trafics illicites de diamants.

En effet, un rapport des Nations unies portant sur une période allant de juin 2015 et mars 2016, rendu public le 15 décembre, fait état de 1.301 cas de violations et d’abus des droits de l’Homme affectant « au moins 2.473 victimes ». Soit 70% de plus par rapport à une précédente étude effectuée entre septembre 2014 et juin 2015.

« Les violations et abus documentés incluent des exécutions arbitraires, des traitements et peines cruels, inhumains ou dégradants, des violences sexuelles, des privations arbitraires de liberté, des destructions et confiscation de biens et des restrictions du droit à la liberté de mouvement », précise le rapport de l’ONU.

Les auteurs de ces violations sont toujours les mêmes. On retrouve en effet des groupes issus de l’ex-coalition rebelle de la Séléka (UPC/FPRC/RPRC/MPC), à l’origine des troubles qui ont mis le pays dans la situation qu’il connaît actuellement, les milices anti-balaka, formées pour répondre aux exactions commises contre les populations chrétiennes, l’Armée de libération du seigneur (LRA), d’origine ougandaise et implantée dans le sud-est de la Centrafrique et, enfin, les Foulani, c’est à dire des Peuls affiliés à des organisations armées.

Le rapport explique que la protection des civils a été « entravée par la présence très limitée des institutions étatiques, particulièrement en dehors de la capitale, Bangui ». Et d’ajouter que « cette situation a eu un impact négatif sur la lutte contre l’impunité, car les responsables de graves violations de droits de l’homme et du droit international humanitaire n’ont pas rendu compte de leurs actes. »

Le prochain rapport de l’ONU fera très vraisemblement un constat identique. En effet, la MINUSCA a dit avoir enregistré une « augmentation alarmante du nombre de cas de violations et d’abus du droit international humanitaire commis par les différentes factions des ex-Séléka, anti-Balaka et leurs affiliés », avec la mort d’au moins 100 personnes, en particulier dans les localités de Kaga-Bandoro et de Bria.

Un incident en particulier explique ce bilan élevé. Le 21 novembre, à Bria, à 400 km au nord-est de Bangui, des combats ayant opposé deux anciennes factions de la Séléka, en l’occurrence le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de Nourredine Adam et l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Darass, ont fait quelque 85 tués parmi les civils et provoqué le déplacement de 11.000 personnes.

« À côté de ces violentes attaques, les groupes armés ont, à travers le pays, continué d’occuper des écoles, d’installer des postes de contrôles illégaux et de priver arbitrairement les civils de leur liberté de mouvement », a encore expliqué la MINUSCA.

La situation est si inquiétante que la mission des Nations unies a publié un message d’avertissement le 13 décembre, en disant prendre « très au sérieux les informations faisant état de violences et d’exactions commises par des groupes armés contre des communautés sur une base ethnique ou religieuse. »

La MINUSCA « n’hésitera pas à utiliser tous les moyens appropriés pour lutter contre de telles violences qui pourraient constituer ou s’apparenter à des crimes de guerre » et « met en garde les groupes armés contre de tels actes dans les préfectures de la Ouaka (centre de la RCA), de la Haute-Kotto (est) ou ailleurs sur le territoire centrafricain », a-t-elle prévenu.

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