La frégate de taille intermédiaire pourra évoluer afin de mettre en oeuvre des missiles de croisière

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La Loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée a réduit la commande de frégates multimissions (FREMM) à 8 exemplaires et prévu l’acquisition de 5 frégates de taille intermédiaire (FTI), qui seront des navires moins imposants (de l’ordre de 4.000 tonnes) et sans doute plus facilement exportables.

Seulement, comme l’a souligné Patrick Boissier, le président du groupement des industries de construction et activités navales (GICAN), lors d’une audition à l’Assemblée nationale, l’étalement des livraisons et « la réduction de cible des FREMM » va « mécaniquement » entraîner « l’augmentation du coût unitaire de ces navires », imposer « la prolongation de navires anciens », le tout avec des « risques de rupture capacitaire. »

En outre, si les FREMM sont en mesure de mettre en oeuvre le missile de croisière naval (MdCN), ce ne sera pas le cas de ces FTI. Or, le déploiement d’un navire ayant la capacité de frapper dans la profondeur des cibles de haute valeur stratégique depuis les eaux internationales et à distance de sécurité peut avoir un effet dissuasif et donner un signal politique fort.

Pour autant, les FTI auront des capacités militaires équivalents, si ce n’est supérieures, aux FREMM. Ce « n’est pas du tout un sous-bateau, c’est un super-bateau! », a lancé Hervé Guillou, le Pdg de DCNS, invité également à s’exprimer devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale en qualité de vice-président du GICAN.

« Pour dix performances opérationnelles sur seize, la FTI a l’avantage sur la FREMM », a-t-il en effet souligné. « C’est un superbe bateau par sa valeur militaire et commerciale », a-t-il insisté.

Moins imposante, la FTI doit être « abordable » financièrement, avec des coûts « significativement inférieurs à ceux de la FREMM, grâce à de considérables efforts de productivité », a expliqué M. Guillou. Quant au tonnage de 4.000 tonnes, il « correspond à un marché de quarante à soixante frégates au cours des dix à quinze prochaines années », a-t-il continué. Et cela « nous assure un bon bateau de premier rang destiné à la marine française, mais aussi une offre très attractive à l’export. C’est dans cette optique qu’ont été prises des dispositions inédites en matière de flexibilité du design », a-t-il ajouté.

S’agissant de la capacité d’une FTI à emporter un missile de croisière, le Pdg de DCNS a indiqué que « toutes les évolutions sont possibles. » Mais, a-t-il dit, « nous n’avons pas jugé utile de l’intégrer à l’ensemble des bateaux compte tenu des contraintes de coût et de la priorité qu’accorde la marine à la lutte ASM (anti-sous-marine). »

Et de préciser : « Le missile de croisière sera installé sur nos huit FREMM, mais ce choix purement opérationnel n’a rien à voir avec la taille du bateau. La frégate que nous avons proposée au Qatar avait à peu près le même tonnage que la FTI et était dotée d’un missile de croisière. »

Jusqu’alors, il était sous-entendu que la structure de la FTI expliquait cette impossibilité d’embarquer des MdCN et qu’aucune évolution ne pouvait être envisagée. Ce que M. Guillou a démenti. « Simplement, sur un bateau plus petit et moins cher, l’ajout d’un missile de croisière est exclusif d’autres options. C’est donc une question d’arbitrage. Certes, l’installation d’un missile de croisière suppose diverses modifications, mais nous prévoyons de toute façon un design beaucoup plus flexible qu’auparavant, y compris pour l’export », a-t-il expliqué.

Plus généralement, l’une des forces de la FTI est qu’elle sera modulable. « Le design a beaucoup gagné en flexibilité » et « nous avons déjà prévu des zones de jumboïsation (*) et des évolutions du système de combat, y compris pour en proposer des versions plus simples, adaptées à l’export. Nous avons aussi prévu d’emblée la possibilité d’un data center embarqué et d’un centre de cyber-surveillance », a souligné le patron de DCNS.
(*) Technique consistant à agrandir un navire en allongeant sa coque.

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