La mort de Boubaker El-Hakim, chef franco-tunisien de Daesh, a été confirmée par le Pentagone

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C’est un nouveau coup sérieux porté contre l’État islamique. Après l’élimination de son chef des opération extérieures, Abou Mohammed Al-Adnani, en août dernier, l’organisation jihadiste vient de perdre l’un de ses responsables les plus en vue, à savoir le franco-tunisien Boubaker El Hakim.

Ce dernier a en effet été visé par une frappe réalisée par un drone américain alors qu’il circulait, en voiture, à Raqqa, le 26 novembre. Si son sort était encore inconnu depuis, le Pentagone vient de confirmer sa mort.

Âgé de 33 ans, Boubaker El Hakim, alias Abou Muqatel, avait rejoint les rangs d’al-Qaïda en 2002. Cette année-là, il partit à Damas, où il fréquenta un institut d’études coraniques. Selon le spécialiste du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu, et alors que l’opération américaine Iraqi Freedom était sur le point de commencer, il aurait été approché par les services de renseignements syriens, lesquels l’auraient fait passer en Irak jusqu’en janvier 2003.

Quelques semaines plus tard, rappelle M. Filiu, El Hakim revint en Irak pour s’enrôler dans la « Légion arabe de volontaires mobilisés pour la défense du régime de Bagdad » et « invite ses ‘potes’ des Buttes-Chaumont […] à le rejoindre pour combattre l’envahisseur américain.

Interrogé à l’époque par un reporter de RTL qui l’avait rencontré dans un camp d’entraînement encadré par l’armée irakienne, il n’avait laissé aucun doute sur ses intentions. « Je suis prêt à me faire exploser, mettre de la dynamite, et boum! boum! On tue tous les Américains. On est des moudjahidines, nous voulons la mort, nous voulons le paradis! », affirma-t-il, selon Le Monde.

Revenu en France après la chute de Saddam Hussein, El-Hakim mit en place, avec Farid Benyettou, une filière de recrutement de combattants français pour l’Irak – la « filière Buttes-Chaumont  » – enrôla plusieurs de ses connaissances fréquentant la mosquée Adda’wa, alors sise rue de Tanger. Là, il croisa la route des frères Kouachi, futurs auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, en janvier 2015.

Dans le même temps, en 2004, El-Hakim se rendit à nouveau en Irak et gravita dans la sphère d’Abou Moussab al-Zarkaoui, le chef d’Unicité et jihad, qui deviendra plus tard la filiale irakienne d’al-Qaïda. Et plusieurs « combattants » français qu’il avait recrutés furent tués, dont son frère, en juillet. Puis, lors d’un séjour en Syrie, il fut arrêté et incarcéré dans une prison syrienne, le temps d’attendre son extradition vers la France, laquelle sera effective en mai 2005, soit cinq mois après le démantèlement de la filière des Buttes-Chaumont.

Condamné, en 2008, avec ses comparses (dont Chérif Kouachi, interpellé 3 ans plus tôt alors qu’il s’apprêtait à s’envoler vers l’Irak via la Syrie), à 7 ans de prison, El Hakim fut remis en liberté le 5 janvier 2011 et partit s’installer en Tunisie, où il ne tarda pas à refaire parler de lui. En effet, il fut impliqué dans les meurtres de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, deux responsables politiques, commis en 2013 dans le but de déstabiliser la jeune démocratie tunisienne. Dans le même temps, il créa un camp d’entraînement jihadiste en Libye. Du moins, c’est ce qu’il affirma dans Dabiq, la revue de propagande diffusée par l’EI, qu’il rejoindra, en Syrie, en décembre 2014.

Depuis, le nom d’El Hakim est revenu dans plusieurs affaires liées au terrorisme. Il aurait en effet été l’instigateur de plusieurs attentats en France et en Tunisie, dont celui perpétré contre le musée du Bardo, à Tunis. Membre de l’unité chargée des opérations extérieures de Daesh, on retrouve son nom dans plusieurs enquêtes en cours, dont celle concernant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Dans un entretien donné à Libération, le journaliste David Thomson, auteur du livre « Les revenants : Ils étaient partis faire le jihad, ils sont de retour en France« , a souligné l’importance d’El-Hakim dans l’organigramme de l’EI. « Il est aujourd’hui l’un des émirs militaires les plus importants. Boubaker el-Hakim est à la tête d’une unité de commando dont la seule vocation est de former des gens en Syrie pour faire des attentats en France. Ils ne font que ça! Ils ne réfléchissent qu’à frapper la France », a-t-il expliqué.

D’ailleurs, d’après l’Express, El-Hakim aurait été l’un des donneurs d’ordre de la cellule jihadiste récemment démantelée à Strasbourg et à Marseille.

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