Pour des responsables civils et militaires américains, la Russie reste la menace principale

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Plusieurs responsables civils et militaires américains ont estimé, lors de la dernière édition du Reagan National Defense Forum, que le budget du Pentagone pour l’année fiscale 2018, et dont une première version sera disponible en février prochain, devra prendre en compte la menace que représente l’intensification des activités militaires de la Russie. L’on verra alors ce qu’en fera Donald Trump, qui plaide pour de meilleurs relations avec Moscou…

En effet, pour la secrétaire à l’US Air Force, Deborah Lee James [membre du Parti démocrate, ndlr], la « Russie est est la menace numéro un des États-Unis. » Et d’expliquer : « Nous avons de nombreuses menaces auxquelles nous devons faire face mais la Russie pose une menace existentielle pour les États-Unis en raison des aspects nucléaires ».

Le secrétaire adjoint à la Défense pour les acquisitions, la technologie et de la logistique, Frank Kendall, est allé dans le même sens, en soulignant le comportement « de plus en plus agressif » de la Russie. Jusqu’alors, a-t-il dit, « la politique américaine était centrée suir les menaces dans la région Asie-Pacifique et le Moyen-Orient. » Seulement, a-t-il continué, « leur attitude [des Russes, ndlr] nous oblige à repenser l’équilibre des capacités que nous allons avoir besoin. »

Si ces responsables civils ne seront bientôt plus en fonction, leur orientation est approuvée par les responsables militaires, à commencer par le premier d’entre-eux, le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées. En 2015, lors d’une audition au Sénat visant à le confirmer dans ses nouvelles fonctions, il avait estimé que la Russie, « puissance nucléaire », posait la « plus grave menace à court terme pour la stabilité du monde entier » en raison de ses « actions imprévisibles et agressives. »

Et lors du Reagan National Defense Forum, le général Dunford a précisé que l’objectif de la Russie est de « contrer l’Otan en portant atteinte à sa crédibilité et à limiter la capacité de l’armée américaine à projeter sa puissance dans le monde entier ». Sans doute a-t-il pensé aux capacités d’interdiction et de déni d’accès en mer Baltique et en Méditerranée orientale…

Ce qu’a confirmé l’amiral John Richardson, le chef des opérations navales. Selon lui, l’US Navy a constaté une hausse sensible des activités de la marine russe, notamment dans l’Atlantique Nord avec une présence accrue de sous-marins, ainsi que dans le Pacifique. En outre, il a rappelé les incidents fréquents entre avions et navires américains et russes.

Et ce qui préoccupe l’amiral Richardson est l’absence de contact entre les officiers américains et russes, ce qui n’était pas le cas pendant la Guerre Froide. « Plus de communication avec la Russie serait une bonne chose », a-t-il dit, précisant qu’il entretient des contacts réguliers avec son homologue chinois mais avec son pendant russe.

Alors, dans ces conditions, quelles capacités le budget 2018 du Pentagone devrait-il financer en priorité? Le général Robert Neller, le commandant de l’US Marine Corps (USMC), même s’il prêche pour sa paroisse, a livré quelques éléments lors d’un entretien donné à l’agence Reuters, en marge du Reagan National Defense Forum.

Ainsi, le général Neller semble dubitatif à l’égard du programme de M. Trump, lequel prévoit de faire passer de 24 à 36 le nombre de bataillons de l’USMC. « Cela fait beaucoup », a-t-il dit.

En revanche, et comme d’autres responsables militaires, le chef des Marines estime que les forces américaines doivent se préparer à affronter des adversaires « plus sophistiqués » que les « insurgés qu’elles combattent en Irak, en Syrie et en Afghanistan ».

Ce qui passe, selon lui, par plus de capacités en matière de cyberdéfense et de renseignement ainsi que par des moyens supplémentaires tels que les avions de combat, des navires d’assaut amphibie et « d’autres armes qui permettront de mieux préparer l’USMC à un conflit potentiel avec un autre pays. »

En outre, a-t-il expliqué, les jihadistes ont moins de capacités que les séparatistes soutenus par la Russie dans l’est de l’Ukraine, étant donné que ces derniers disposent de drones, de radars et de l’artillerie. « Si vous pensez que la prochaine guerre se limitera à de la contre-insurrection, alors tout va bien. Mais je ne pense que ce sera le cas », a-t-il dit. « Ce sera beaucoup plus difficile, compliqué et sophistiqué », a insisté le général Neller, qui plaide pour une accélération des achats d’avions F-35B et véhicule JLTV (Joint Light Tactical Vehicle).

Ces positions seront-elles compatibles avec la politique que veut conduire M. Trump? Le 6 décembre, le prochain locataire de la Maison Blanche a assuré que les États-Unis éviteront les interventions extérieures.

« Nous allons cesser de faire la course pour renverser des régimes étrangers dont nous ne connaissons rien, et avec lesquels nous n’avons rien à faire », a déclaré M. Trump. « Au lieu de cela, notre attention doit être sur le combat contre le terrorisme et la destruction de l’EI, et nous le ferons », a-t-il ajouté.

Et de préciser : « Nous ne voulons pas d’une armée en capacité réduite parce que nous sommes engagés partout dans des combats où nous ne devrions pas combattre. »

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