La Russie se dote d’une doctrine en matière de cybersécurité

En matière de cybersécurité, il est toujours compliqué de démêler le vrai du faux. En tout cas, au cours de ces derniers mois, la Russie a régulièrement été accusée d’être à l’origine de plusieurs attaques informatiques, comme celles ayant visé l’Agence mondiale antidopage (AMA) ou bien encore le Parti démocrate aux États-Unis.

Récemment, le directeur du BND [service de renseignement extérieur allemand, ndlr] a mis en garde contre des cyberattaques d’origine russe ayant pour « seul but de créer de l’incertitude politique. » Et de d’y voir « une forme de pression exercée sur le débat public et sur la démocratie qui n’est pas tolérable. »

Cela étant, la Russie n’est pas non plus épargnée par les attaques informatiques. La semaine passée, le FSB, le service de sécurité intérieure, a affirmé avoir « reçu des informations concernant la préparation par des services secrets étrangers d’une cyberattaque d’envergure pour déstabiliser à partir du 5 décembre 2016 le système financier russe, en particulier les activités de plusieurs grandes banques russes. » Et avec en prime un envoi massif de SMS aux habitants de plusieurs dizaines de villes russes et la publication de « messages provocants sur les réseaux sociaux et sur les blogs à propos d’une crise du système financier russe. »

Certes, selon plusieurs médias américains, l’administration Obama aurait envisagé de lancer une cyberattaque d’envergure contre la Russie, en réponse aux agissements des pirates présumés russes lors de la course à la Maison Blanche.

Et, le 8 novembre, plusieurs banques russes ont en effet été visées par des cyberattaques par déni de service, c’est à dire en rendant leurs serveurs indisponibles en leur adressant pas moins de 660.000 requêtes par seconde. Puis, le 2 décembre, des pirates auraient réussi à dérober deux milliards de roubles (29,3 millions d’euros) en piratant des comptes ouverts à la banque centrale russe.

Quant à la menace évoquée par le FSB, on ignore si elle existait vraiment ou bien si elle a été déjoué, même si le deuxième groupe bancaire russe, VTB, a bel et bien été victime d’une attaque par déni de service le 5 décembre.

Quoi qu’il en soit, l’avertissement du FSB a coïncidé avec l’approbation par le président russe, Vladimir Poutine, d’une nouvelle doctrine en matière de « sécurité informatique et informationnelle », laquelle vient compléter celle portant sur la politique étrangère, promulguée la semaine dernière par le maître du Kremlin.

Ainsi, les objectifs de cette doctrine sont de « développer un système national de contrôle » de l’Internet russe », de « prévenir des conflits militaires que pourrait provoquer l’utilisation des technologies informatiques » et d' »améliorer la sécurité informatique de l’armée russe. »

Mais ce n’est pas tout. Alors que la propagande russe est régulièrement pointée du doigt, la doctrine approuvée par M. Poutine note une « tendance à la hausse dans les médias étrangers de publications d’articles ayant un ton négatif sur la politique de la Russie. »

Par conséquent, il s’agira de « contrer les tentatives d’influencer la population russe, notamment la jeunesse, dans le but d’éroder les valeurs spirituelles et morales traditionnelles russes. » En clair, tout contenu numérique non conforme à la « doxa » du Kremlin sera dans le collimateur…

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