Entre 30 et 35% des combattants européens de l’EI seraient déjà revenus dans leur pays d’origine

Les chiffres donnés par Gilles de Kerchove, le coordinateur de l’Union européenne contre le terrorisme, dans un rapport qui sera présenté le 9 décembre aux ministres de l’Intérieur des États membres à Bruxelles, donnent froid dans le dos.

Ainsi, 50% des ressortissants ou résidents européens ayant rejoint les rangs de l’État islamique (EI ou Daesh) seraient encore en Irak et en Syrie actuellement, ce qui représente entre 2.000 et 2.500 individus.

Or, alors que les batailles de Mossoul et de Raqqa sont engagées, M. de Kerchove estime que la possibilité de « retours massifs dans le court terme en cas de pertes majeures de l’EI » en Irak et en Syrie de ces jihadistes européens est « floue ». Si certains reviendront dans leur pays d’origine, d’autres continueront à se battre dans des « poches de résistance » ou rejoindront des pays voisins, voire d’autres zones de conflits. »

« Il y a aussi un contingent significatif de combattants étrangers dans les rangs de l’Etat islamique (EI) en Libye qui pourraient tenter d’utiliser leur nationalité ou leurs liens familiaux pour retourner en Europe », note M. de Kerchove, rapporte l’AFP.

Cependant, la menace est déjà là. En effet, s’il y a une incertitude sur les intentions (et le sort) de ces jihadistes européens encore présents en Irak et en Syrie, l’on sait déjà, du moins selon M. de Kerchove, que 30 à 35% d’entre eux sont déjà rentrés et que 15 à 20% ont été tués.

Or, prévient le coordinateur de l’UE contre le terrorisme, ceux qui rentrent « restent en contact avec Daesh dans les zones de conflit par le biais de comptes privés sur les réseaux sociaux » et en particulier le service Telegram, au sujet duquel il déplore la « lenteur de la réponse à la propagande jihadiste. »

Cela étant, les pays de l’UE n’ont pas tous les même approche à l’égard de ces jihadistes revenus du Levant (incarcération, surveillance, programme de réhabilitation, etc…). Aussi, M. de Kerchove recommande d’élaborer une « approche complète » et de généraliser les échanges d’informations et de bonnes pratiques entre les États membres.

En outre, le coordinateur contre le terrorisme estime que la coopération avec les pays dits de transit est « essentielle ». D’où sa recommandation de « renforcer le dialogue avec la Turquie », ce qui est loin d’être acquis dans le contexte actuel.

« Ce retour des jihadistes sur notre sol doit être le premier sujet de préoccupation. Pas seulement pour les mois qui viennent! Mais pour les cinq, les dix prochaines années », avait affirmé, le 7 novembre, Manuel Valls, l’ancien Premier ministre, sachant que, selon un bilan arrêté au 2 septembre 2016, 206 combattants français de Daesh sont déjà revenus d’Irak et de Syrie.

Et pour cause : dans un rapport rendu public la semaine passée, et avec le retour de ces jihadistes de l’EI, Europol, l’office européen de police, a dit craindre l’importation, sur le Vieux Continent, de modes opératoires terroristes en vigueur en Irak et en Syrie.

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