Les militaires belges manquent de temps et d’argent pour s’entraîner

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L’an prochain, les militaires belges seront à nouveau très sollicités, alors que leurs effectifs vont encore diminuer et atteindre les 30.130 personnels (dont 700 réservistes).

Au chapitre des opérations extérieures, Bruxelles a en effet l’intention d’envoyer en Lituanie une compagnie de 90 soldats au titre du plan d’action pour la réactivité (Readiness Action Plan », RAP) de l’Otan ainsi que 4 avions F-16 au titre de la mission Baltic Air Policing et un chasseur de mines armé par 45 marins.

Au Sahel, la Belgique est prête a assurer le commandement de la mission européenne visant à former l’armée malienne (EUTM Mali) pour un an supplémentaire. Et il faut encore ajouter d’autres engagement en Afrique et au Moyen-Orient, sans oublier la mission intérieure Vigilant Guardian, pendant belge de l’opération française « Sentinelle ».

Moins de soldats mais toutours autant d’engagements, avec une budget contraint… L’équation que doit résoudre la Défense belge est compliquée. Pour financer les opérations extérieures, il a été prévu une enveloppe de 73 millions d’euros, en hausse de 4 millions par rapport à cette année. Seulement, cet argent ne tombe pas du ciel : il sera pris sur les crédits alloués à l’entraînement. C’est ce qu’a en effet précisé à la presse, le 5 décembre, le général Johan Peeters, le chef adjoint de la division Opérations et Entraînement (Ops&Trg) à l’état-major belge.

Or, les jours de préparation opérationnelle (JPO) ont fortement chuté entre 2014 et 2016, passant de 30 à 15 pour les soldats de la composante terrestre belge. Et ceux de la composante aérienne ne sont guère mieux lotis. Le manque de budget en est un cause… Mais aussi le sur-sollicitation des personnels. Ainsi, le quotidien L’Avenir indique que « en moyenne, plus de 180 jours par an en opération extérieure n’est plus une exception pour le militaire belge ». Et les marins décrochent le pompon, si l’on peut dire, avec 212 jours, en moyenne, passés loin de chez eux.

Aussi, cette « situation ne sera plus tenable très longtemps », a fait valoir le général Peeters. « À l’avenir, si on veut continuer à engager nos forces sur le terrain opérationnel, on ne pourra plus rogner sur l’entraînement ». Sauf à réduire les engagements opérationnels. Car le risque pour l’armée belge est de voir ses soldats perdre leur aptitude à évoluer dans des environnements tactiques compliqués, faute de travailler leurs savoir-faire.

Le chef de la Défense belge (CHOD), le général Marc Compernol, a tiré la sonnette d’alarme la semaine passée. « D’un point de vue budgétaire, je ne suis plus disposé à aucune concession que ce soit pour la formation », a-t-il prévenu lors d’une auditon devant la Commission de la Défense nationale de la Chambre.

« Comme je ne veux plus faire de compromis sur l’instruction, cela aura un impact sur les opérations. On court le risque qu’un jour, je doive me présenter devant le ministre de la Défense en lui disant : désolé mais on ne peut participer à telle opération », a continué le général Compernol. Et d’ajouter, au sujet de la mission Vigilant Guardian : « L’expérience opérationnelle d’une jeune génération pourrait se résumer à de la surveillance de rue. »

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