La construction des sous-marins israéliens a bénéficé au régime… iranien

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Les sous-marins Dolphin de la marine israélienne font décidément des vagues. Tout a commencé à la fin du mois d’octobre quand le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a confirmé la commande de trois nouveaux submersibles du même type auprès du groupe allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) afin de remplacer, d’ici 10 ans, trois modèles entrés en service au début des années 2000. Et cela, contre l’avis de l’état-major de Tsahal.

L’affaire n’aurait pas fait autant de bruit si David Shimron, l’avocat de M. Netanyahu, n’avait pas eu des liens avec TKMS. La révélation de cette information par la chaîne de télévision Channel 10 a ainsi donné lieu à une vive polémique ainsi qu’à l’ouverture d’une enquête sur de possibles conflits d’intérêt.

Et, depuis, la presse israélienne s’intéresse de très peu aux conditions dans lesquelles ces sous-marins ont été commandés. Et c’est ainsi que le quotidien Yediot Aharonot a découvert qu’une compagnie publique iranienne, l’Iran Foreign Investment Company (IFIC) détenait une participation de 4,5% au capital de TKMS.

Une information en partie confirmé par le groupe allemand, qui précisé que la participation de l’IFIC à son capital était passé de 7% à moins de 5% à partir de mai 2003. En clair, la commande totale de 6 sous-marins israéliens (le dernier sera livré en 2019) a profité à Téhéran.

Pour Yediot Aharonot, qui a titré « Argent israélien, bénéfices iraniens », c’est un comble étant donné que M. Netanyahu s’est toujours démené pour imposer à l’Iran des sanctions économiques afin de contraindre ce pays à renoncer à toute ambition dans le domaine du nucléaire militaire.

Reste à savoir si les responsables israéliens étaient au courant de cette participation iranienne au capital du groupe allemand. Un porte-parole du ministère de la Défense de l’État hébreu, sollicité par l’AFP, n’a pas souhaité se prononcer sur cette question. « Si cette participation n’était pas connue, c’est une négligence; s’ils ne savaient pas c’est encore pire, il s’agit d’une double négligence », a-t-il seulement commenté.

« Je n’étais pas informé de l’implication iranienne. L’Iran ne vend pas de sous-marins à Israël. Son implication est marginale, mais nous devons la vérifier », a toutefois affirmé, selon Channel 10, Amos Gilad, le directeur du Bureau des affaires politico-militaires du ministère israélien de la Défense, avant de souligner qu’il y avait des « accords de confidentalité très stricts » avec TKMS.

Mais ce dossier des sous-marins a mis en lumière une autre affaire, concernant également TKMS. Ainsi, toujours d’après le Yediot Aharonot, la construction de 6 corvettes Sa’ar 6 commandées en 2015 par Israël au groupe allemand sera en partie sous-traitée à un chantier naval ayant à son capital des actionnaires libanais et émiratis, précisément les fonds d’investissement « Privinvest Holding Group », basé à Beyrouth et le groupe Al Ain International.

Mais, alors que, techniquement, Israël est en guerre avec le Liban, cette information du Yediot Aharonot ne perturbe pas le ministère de la Défense.

« Le contrat pour l’acquisition de ces navires de guerre a été signé avec une société allemande et avec la participation directe du gouvernement allemand, qui finance même un tiers » du montant de la commande. Le directeur de la sécurité de l’Etablissement de la Défense s’est assuré auprès des représentants du gouvernement allemand qu’aucune information classifiée du projet ne sera donnée à des organismes non autorisés. Il est important de noter que le chantier naval allemand construit la coque des navires de guerre et les systèmes de combats seront installés en Israël », a-t-il expliqué au quotidien.

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