Le gouvernement afghan ne contrôle plus que 60% de son territoire

ana-20140929

Le général Joe Votel, le chef de l’US Centcom, le commandement américain pour l’Asie centrale et le Moyen Orient, a indiqué, le 1er décembre, que le gouvernement afghan ne contrôle plus actuellement que 60% de son territoire. En outre, le mouvement taleb a pris l’ascendant sur environ 10% du pays tandis que les 30% restants sont contestés.

Une autre donnée confirme ce recul : cette année, 1.000 écoles ont dû être fermée en raison de l’insécurité ambiante, soit un chiffre presque deux fois plus important par rapport à l’an passé. En outre, les pertes des forces de sécurité afghanes se maintiennent à des niveau très élevés (5.523 tués entre janvier et septembre contre environ 5.000 en 2015) et l’aviation américaine a multiplié les frappes aériennes en appui de ces dernières.

Et, actuellement, au moins 6 capitales provinciales sont directement menacées par les taliban, dont Lahkar Gah (Helmand), Kunduz, Farah, Tarin Kot (Uruzgan), Maimana (Faryab) et Pul-i-Khumri (Baghlan).

Le résultat est que les groupes jihadistes affiliés à al-Qaïda ou bien encore à l’État islamique (EI) s’implantent à nouveau en Afghanistan. « Nous devons être préoccupés du fait que les taliban coopérent et collaborent avec d’autres organisations terroristes », a estimé le général Votel, lors d’un forum sur la sécurité organisé à Washington.

D’après les responsables occidentaux et afghans, relève le New York Times, il y aurait entre 40.000 et 45.000 combattants extrémistes en Afghanistan, dont 30.000 taliban et 15.000 étrangers. Et si ces derniers appartiennent à des organisations parfois concurrentes, il leur arrive de passer outre leurs divergences quand il s’agit de s’en prendre aux forces gouvernementales et aux troupes américaines.

Sur les 98 groupes terroristes figurant sur la liste des Nations unies, 20 sont présents dans la région regroupant l’Afghanistan et le Pakistan. Ce chiffre a été donné par le général John Nicholson, le chef de la mission Resolute Support, de l’Otan. « C’est la plus forte concentration de différents groupes dans le monde », a-t-il dit.

L’État islamique (ou « Province de Khorasan ») compterait encore un millier de combattants en Afghanistan. Ses relations avec le mouvement taleb afghan sont ambigües : si les deux organisations se sont affrontées, notamment dans l’est du pays, il leur est aussi arrivé de coopérer… Et il est dit que le chef du réseau Haqqani (Sirajuddin Haqqani) qui est aussi le numéro deux des taliban, serait enclin à discuter avec les partisans d’Abu Bakr al-Baghdadi.

Quant au noyau dur d’al-Qaïda, ses effectifs sont estimé – au minimum – à 200 combattants en Afghanistan. « Il n’y a pas de changement dans les objectifs qu’al-Qaïda poursuit », a commenté Mohammed Haneef Atmar, conseiller afghan à la sécurité nationale. « La différence est que cette organisation utilise d’autres réseaux, tels que celui d’Haqqani et le Lashkar-e-Taïba. Ils externalisent une partie de leur travail et cela les rend plus dangereux », a-t-il expliqué.

« De toute évidence, il y a une menace pour la sécurité internationale encore en provenance d’Afghanistan », a commenté Franz-Michael Skjold Mellbin, l’envoyé spécial de l’Union européenne pour la région Af/Pak. « Nous avons vu plusieurs groupes internationaux se rassembler en Afghanistan. Certains d’entre eux ont des ambitions locales, comme les taliban, mais la majorité de ces groupes ont des ambitions qui vont bien au-delà des frontières de l’Afghanistan », a-t-il expliqué dans les colonnes du New York Times.

Dans ces conditions, que fera la prochaine administration américaine, sachant que Donald Trump n’a cessé de dénoncer le maintien militaire des États-Unis en Afghanistan?

Á en croire Kaboul, aucun changement n’est à attendre. « Le président désigné Trump a assuré que les États-Unis resteront au côté du gouvernement et du peuple afghan pendant son mandat », a fait savoir, via un communiqué, la président afghane, suite à un entretien téléphonique entre le président Ashraf Ghani et son futur homologue américain.

« Les deux responsables ont évoqué les graves menaces terroristes pesant sur les deux pays et promis de travailler ensemble plus étroitement pour les contrer », a confirmé l’équipe de M. Trump.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]