Le Royaume-Uni veut jouer un rôle militaire dans la région Asie-Pacifique

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Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, des avions de combat britanniques, en l’occurrence 4 Eurofighter Typhoon du 2 Squadron de la Royal Air Force (RAF), se sont mesurés à des Mitsubishi F-2 et des F-15 japonais, dans le cadre de l’exercice Guardian North 16, organisé en octobre depuis la base aérienne nippone de Misawa.

Par la suite, ces avions britanniques ont été envoyés en Corée du Sud, précisément sur la base aérienne d’Osan, pour participer à un autre exercice militaire. Une première depuis 1953 et la fin de la guerre de Corée.

Cette « tournée » asiatique de la RAF montre l’intérêt de Londres pour la région Asie-Pacifique, confrontée à de nombreux défis sécuritaires, incarnés notamment par les menaces nucléaire et balistique nord-coréennes ainsi que par les différends territoriaux en mer de Chine méridionale, où Pékin pratique la politique du fait accompli en y aménageant des îlots à des fins militaires, ce qui laisse craindre une restriction de la liberté de navigation dans cette zone stratégique, étant donné qu’elle est un carrefour pour le commerce maritime mondial.

Or, comme l’a bien précisé la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye, en juillet, Pékin n’a pas de « droits historiques » à faire valoir en mer de Chine méridionale.

« L’enjeu est de la plus haute importance, et pas uniquement pour la stabilité et la sécurité de la région [Asie-Pacifique] : si le doit de la mer n’est pas respecté aujourd’hui dans les mers de Chine, il sera menacé demain en Arctique, en Méditerranée ou ailleurs. Pour que les risques de conflit restent contenus, il nous faut défendre le droit, et nous défendre nous mêmes par le droit », avait ainsi estimé Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, lors du dernier forum « Shangri-La Dialogue », en juin. Seulement, cela suppose également de la fermeté « face aux actions qui sapent les fondements de l’ordre international » et « au refus du droit et du dialogue. »

Si Canberra et Washington sont sur la même ligne, Londres l’est également. Ainsi, Kim Darroch, l’ambassadeur du Royaume-Uni aux États-Unis a indiqué, lors d’une d’un intervention devant un centre de réflexion, le 1er décembre, que les 4 Typhoon actuellement au Japon survoleraient les environs des zones contestées en mer de Chine méridionale afin d’y « faire valoir les droits de survol internationaux ».

En outre, le diplomate a assuré que les deux futurs porte-avions de la Royal Navy seront régulièrement déployés dans le Pacifique dès qu’ils seront opérationnels. « Nous partageons absolument l’objectif de cette administration américaine et de la suivante visant à protéger la liberté de navigation et de garder les routes maritimes et les voies aériennes ouvertes », a-t-il dit.

Et, a encore ajouté M. Darroch, « en dépit des préoccupations de la Grande-Bretagne au Moyen-Orient, nous allons essayer de jouer notre rôle dans le Pacifique. »

À Pékin, les propos du diplomate britannique ont diversement été appréciés. Le ministère chinois des Affaires étrangères a eu une réaction plutôt mesurée. « Tous les pays ont la liberté de naviguer et voler en mer de Chine du sud, conformément au droit international », a assuré un porte-parole. « Nous espérons que la partie concernée [le Royaume-Uni, ndlr] respectera les efforts des pays régionaux pour sauvegarder la paus et la stabilité en mer de Chine du Sud », a-t-il ajouté.

Cela étant, l’agence officielle Xinhua a fait entendre un autre son de cloche. « Ces remarques donnent l’impression que Londres pourrait bientôt changer d’attitude en suivant la politique d’ingérence des États-Unis et du Japon », a-t-elle commenté. « Si un avion de guerre britannique se lance dans une soi-disant ‘mission de liberté de navigation’ en mer de Chine du Sud, alors cela ne ferait que compliquer davantage la question et peser sur les relations prospères entre la Chine et la Grande-Bretagne », a-t-elle ajouté.

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