Donald Trump prend le risque de fâcher Pékin au sujet de Taïwan

trump-20160722Le dernier coup que vient de faire Donald Trump, le prochain président des États-Unis, donne un aperçu de ce que pourrait être la politique étrangère américaine au cours des quatre – voire des huit – prochaines années.

Quand les États-Unis reconnurent officiellement la République populaire de Chine, ils s’engagèrent à ne plus avoir de liens diplomatiques avec Taïwan (ou État de la République de Chine), île que Pékin considère comme une province « rebelle », et à adhérer au principe de « Chine unique » (ou d’une « seule Chine »).

Aussi, le Congrès adopta, en 1979, le Taiwan Relations Act, afin de donner un cadre aux relations entre Washington et Taipeh. C’est d’ailleurs sur la base de ce texte que l’industrie américaine de l’armement fourni presque exclusivement du matériel militaire à l’ancienne Formose.

Et, depuis près de 40 ans, aucun président américain n’a remis en cause cette politique. Bien qu’il n’est pas encore installé dans le bureau ovale de la Maison Blanche, Donald Trump a rompu, le 2 décembre, avec cette posture, en ayant un entretien téléphonique avec Tsai Ing-wen, la président de Taïwan, élue en mai dernier.

Dans un premier temps, Pékin a minimisé l’importance de cet entretien. « Ce n’est qu’une basse manoeuvre manigancée par Taïwan, cela ne peut tout simplement pas modifier le cadre d’une seule Chine intégré par la communauté internationale » et « je ne pense pas que cela changera la politique adoptée depuis des années par les Etats-Unis », a en effet réagi Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères.

Puis, dans un second temps, la diplomatie chinoise a fait savoir qu’elle avait « protesté solennellement » auprès de Washington, en exigeant des autorités américaines de respecter le principe d’une « Chine unique ».

« Nous avons déjà transmis une protestation solennelle à la partie américaine concernée. Il faut insister sur le fait qu’il n’existe qu’une seule Chine et que Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois », a ainsi expliqué le ministère chinois des Affaires étrangères, via un communiqué.

Et d’ajouter, avant d’en appeler Washington à « traiter la question de Taïwan avec beaucoup de prudence » : « Le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime représentant la Chine. C’est un fait reconnu par la communauté internationale et c’est le fondement politique des relations sino-américaines ».

Alors que la Maison Blanche a tenté de calmer le jeu en réaffirmant son attachement au principe d’une « seule Chine » (« Il n’y a aucun changement dans notre politique de longue date », a insisté Emily Horne, porte-parole du conseil de sécurité nationale), Donald Trump en a rajouté en trouvant « intéressant le fait que les États-Unis vendent des milliards de dollars d’équipements militaires à Taïwan mais (qu’il) ne devrait pas accepter un appel de félicitations » de la part de la présidente taïwanaise.

Visiblement, le successeur de Barack Obama à la Maison Blanche, qui lança plusieurs flèches contre Pékin durant la campagne électoral, pourrait rompre avec ce concept de « Chine unique ». En effet, son équipe a indiqué, dans un compte-rendu de la conversation en question, que Donald Trump et Tsa Ing-wen « ont pris note des liens étroits en matière économique, politique et de sécurité entre Taïwan et les Etats-Unis. »

Cependant, pour certains élus du Congrès, notamment démocrates, l’attitude de M. Trump inquiète. « Ce qui s’est passé ces 48 dernières heures n’est pas simplement une évolution. Ce sont des pivots majeurs en politique étrangère, sans aucune prévision. C’est ainsi que débutent des guerres », a ainsi réagi le sénateur (démocrate) Chris Murphy.

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