Le patrouilleur « L’Adroit » peut-il répondre aux besoins de la Marine?

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Le sénateur François Grosdidier a de la suite dans les idées. En août 2014, il avait demandé au ministère de la Défense s’il était envisageable d’acquérir des patrouilleurs hauturiers de type « L’Adroit » afin d’éviter à la Marine nationale une rupture temporaire de capacité (RTC) dans les départements et territoires d’outre-Mer. Et il lui fut répondu qu’il fallait patienter jusqu’en 2024…

Or, de l’avis de tous ceux qui s’intéressent de près aux affaires maritimes, le renouvellement des patrouilleurs et autres avisos dans le cadre du programme BATSIMAR (Bâtiments de surveillance et d’intervention maritime) est plus qu’urgent. D’autant plus que les moyens affectés à la surveillance maritime des DOM/TOM seront réduits de 60% d’ici 2020.

« Ceci revêt pour moi une grande importance : ce qui est laissé vide sera pillé. Nous devons exercer notre souveraineté dans ces zones économiques avec les bâtiments de surveillance et d’intervention maritime », a insisté l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, devant les sénateurs.

Le programme BATSIMAR aurait dû être lancé en 2010, puis en 2012. Seulement, avec les contraintes budgétaires, il a fini par être renvoyé aux calendes grecques. Cependant, conscient de la situation, le Premier ministre, Manuel Valls, a demandé d’accélérer ce projet de renouvellement des bâtiments de surveillance lors du Comité interministériel de la mer du 4 novembre dernier. Mais sans les financements nécessaires, on voit mal comment ce dossier pourrait aboutir dans les plus brefs délais.

C’est alors que le sénateur Grosdidier est revenu à la charge, le 10 novembre, en posant une nouvelle question au ministère de la Défense. Soulignant que « la Marine nationale doit recourir à des expédients, comme la reconduction à plusieurs reprises de la location à DCNS du patrouilleur ‘L’Adroit' », il a demandé si le gouvernement envisageait « en même temps qu’il développe le programme FTI [Frégates de taille intermédiaire, ndlr], d’acquérir des patrouilleurs de type OPV de 70-75 mètres, en production aujourd’hui dans plusieurs chantiers navals français. » La réponse n’a pas encore été communiquée.

Cela étant, comme « L’Adroit » a été mis à la disposition de la Marine nationale en vertu d’une convention signée en octobre 2010 avec DCNS, la question de savoir s’il correspond aux besoins du programme BATSIMAR a été posée par un sénateur à l’amiral Prazuck.

Et le CEMM a été plutôt prudent dans sa réponse. « Certaines choses dans ce bâtiment nous conviennent tout à fait. On doit avoir un retour d’expérience sur certaines autres », a-t-il dit. Toutefois, il a estimé que « c’est à partir de L’Adroit qu’il faut travailler sur le sujet. »

En outre, l’amiral Prazuck a donné quelques détails supplémentaires sur ce qu’il attend des futurs patrouilleurs. « Je dis souvent, en simplifiant les choses, que le système d’armes principal des BATSIMAR est leur pavillon français », a-t-il affirmé.

« Il faut également pouvoir mettre à l’eau des embarcations rapides pour intercepter un contrevenant, employer des drones pour mieux couvrir les espaces, disposer d’un armement assez simple pour opérer des tirs de semonce », a continué l’amiral Prazuck. Mais, a-t-il insisté, « le pavillon français rappellera aux éventuels contrevenants que toute la flotte française est derrière ces patrouilleurs pour défendre la souveraineté française. »

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