M. Le Drian balaie la proposition du Parti socialiste visant à rétablir le service militaire obligatoire

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Cet été, l’on pouvait penser que le rétablissement du service militaire allait être un thème de la prochaine élection présidentielle. En effet, plusieurs candidats de la primaire de la droite et du centre avaient fait des propositions allant dans ce sens… Seulement, la victoire de François Fillon, hostile à cette idée, a probablement sonné le glas de ce débat sur le retour de la conscription. Du moins le croyait-on…

Pour le moment, et dans l’attente de connaître celui qui défendra ses couleurs en 2017, le Parti socialiste a dévoilé un programme, qui, selon Jean-Christophe Cambadélis, son Premier secrétaire, « unifie tous les socialistes » et « a été discuté par les militants ». Les propositions qu’il contient sont appelées à « irriguer » le programme du candidat qui sortira vainqueur de la primaire des 22 et 29 janvier prochain.

Parmi ces propositions, celle de rétablir le service militaire obligatoire fait beaucoup parler actuellement. « Alors que la France se trouve confrontée à un défi lourd et durable, les conditions requises par la loi pour rétablir la conscription semblent pour la première fois depuis 20 ans réunies », a en effet expliqué M. Cambadélis.

Et ce dernier d’ajouter : « En effet, les moyens disponibles pour assurer la protection optimale des citoyens s’avèrent notablement insuffisants, tandis que les armées peinent à dégager des effectifs pour participer aux missions de sécurité intérieure. Nous proposons donc une véritable garde nationale par le rétablissement de la conscription. »

Dans ses « Cahiers pour la présidentielle », le PS donne une justification sociale à cet éventuel retour de la conscription. « La patrie se trouve confrontée aujourd’hui à un défi durable: affronter le terrorisme et vivre ensemble au sein de la communauté nationale dans le partage des valeurs communes d’égalité, d’échange, de solidarité et de fraternité. Il faut répondre à la fois à un besoin de mixité, de brassage social des jeunes, de formation de ces jeunes aux
valeurs républicaines et civiques, mais également à une participation aux actions de sécurité et de défense en cas d’urgence. Il faut aussi répondre à la nécessité de vivre en collectivité, plutôt que de céder au repli individuel grandissant », lit-on [cahier intitulé « Être Français au 21e siècle« , ndlr].

L’idée de rétablir la conscription est plébiscitée par une majorité de Français, à en croire les enquêtes d’opinion. La dernière en date, réalisée par l’institut CSA pour le quotidien Direct Matin, indique que 74% des personnes interrogées y sont en effet favorables.

Seulement, cette question divise au sein du PS. Candidat à la primaire de janvier prochain, Arnaud Montebourg est loin d’y être hostile. « Nous avons besoin d’une remobilisation de la nation dans l’esprit d’entraide – civique, civile – ou le soutien militaire à son pays derrière le même drapeau me paraît être un projet aussi pour une société qui a choisi de se redonner la main », a-t-il plaidé, sur BFMTV, le 30 novembre.

En revanche, Benoît Hamon, qui espère aussi gagner son ticket pour la course à l’Élysée n’est pas du tout sur la même ligne, tout comme, d’ailleurs, les Jeunes socialistes, dont le chef de file, Benjamin Lucas, trouve « curieux cette propension de vieux messieurs qui ne souffrent ni des inégalités, ni des discriminations, à expliquer aux jeunes comment ils doivent ‘aimer la République’, ‘faire corps avec la nation’, ‘s’engager au service du pays' ».

D’autres élus socialistes, très au fait des questions de défense, y sont également hostiles, mais pour d’autres raisons (plus sérieuses). Á commencer par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Interpellé, ce 1er décembre, sur ce sujet à l’Assemblée nationale, il a catégoriquement refusé toute idée d’un retour de la conscription, lequel serait « contraire à notre modèle d’armée. »

« Incorporer par obligation 780.000 nouveaux appelés, chaque année, garçons et filles, qui ne resteraient pas dans les armées et qui monopoliseraient l’encadrement militaire ruinerait ce délicat édifice de compétences et d’efficacité » qu’est l’armée française, a ainsi fait valoir M. Le Drian, pour qui le choix de la professionnalisation a été fait pour de « bonnes raisons ».

Qui plus est, un retour à la conscription supposerait de récréer une chaîne du service national (avec ses centres de sélection), d’équiper les appelés et de disposer de casernes que les armées n’ont plus. Le coût d’une telle mesure, selon M. Le Drian, serait de « plusieurs milliards d’euros ». Et de conclure : « Voilà pourquoi cette question ne me paraît pas d’actualité. »

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