L’Iran enverrait des armes au Yémen via la Somalie

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En mars dernier, la frégate multimissions (FREMM) Provence, alors intégrée à la Force opérationnelle combinée (CTF-150) mise en place en 2002 pour lutter contre les trafics dans la golfe arabo-persique et l’océan Indien, avait intercepté un boutre à bord duquel un importante cargaison d’armes fut trouvée. Quelques jours plus tôt, la frégate australienne HMAS Darwin en avait fait de même.

Dans les deux cas, les boutres furent interceptés en vertu de la résolution 2182 du Conseil de sécurité des Nations unies, laquelle interdit tout transfert d’armes en Somalie. Aussi, l’on supposait à l’époque que les cargaisons saisies étaient destinées à des groupes armés somaliens, voire aux rebelles houthis, qui contestent l’autorité du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi.

En réalité, les deux hypothèses étaient correctes. En effet, selon une enquête [.pdf] du Conflict Armament Research (CAR), qui a pu avoir accès aux milliers de pièces saisies, les boutres auraient dû se rendre en Somalie, précisément dans la région du Puntland. Ensuite, il était vraisemblablement prévu de diviser les cargaisons en plusieurs lots afin de les acheminer plus facilement en divers endroits de la côte yéménite.

En tout cas, c’est ce que suggère l’analyse des armes et des données GPS trouvées à bord des boutres interceptés. Ainsi, celui arraisonné par le HMAS Darwin avait pour destination le port de Caluula, en Somalie.

Quant aux armes, elles sont, dans leur grande majorité, de facture iranienne, comme les 2.000 fusils d’assaut et les 64 fusils de précision Hoshdar-M saisis par l’équipage de la FREMM Provence. En outre, des fusils de fabrication nord-coréenne ont été trouvés à bord des deux boutres interceptés. Et comme ils présentaient les mêmes numéros de série, le CAR estime qu’ils étaient issus de « la même cargaison d’origine.

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Enfin, d’après le CAR, les roquettes antichar Kornet, d’origine russe, trouvées au milieu des armes saisies, proviendraient d’une même série que celle récupérée en novembre 2015 au Yémen par les forces émiraties, qui font partie de la coalition qui, dirigée par l’Arabie Saoudite, soutient le président Abd Rabbo Mansour Hadi contre les rebelles houthis et leurs alliés.

Pour le CAR, ces saisies vont dans le sens des « allégations selon lesquelles les armes venaient d’Iran et que les cargaisons des boutres étaient destinées au Yémen. » Alors, on peut toujours objecter que l’origine des armes ne prouve rien…

Seulement, les boutres interceptés ont un point commun : ils ont tous les deux été conçus par le chantier naval al-Mansoor, à l’origine de plusieurs embarcations, qui, par le passé, ont été impliquées dans des trafics de drogues et d’armes.

Qui plus est, cette entreprise est implantée à Konarak, à deux pas d’une base du corps des Gardiens de la Révolution. Toutefois, CAR indique ne pas être en mesure de préciser les relations entre ces derniers et al-Mansoor.

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