En livrant des sous-marins au Bangladesh, la Chine continue sa stratégie d’encerclement de l’Inde

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Si l’Inde et la Chine ont signé, le 16 mai 2015, une vingtaine d’accords commerciaux et de coopération pour un montant de 22 milliards de dollars, les relations entre ces deux pays sont marquées par une certaine défiance, en raison notamment de différends territoriaux dans l’Himalaya. Une autre source de tension, si l’on peut dire, concerne le partage de l’eau entre ces deux géants asiatiques, Pékin ayant, par exemple, le projet de détourner les eaux du Brahmapoutre (Yarlung Zangbo en Chine).

En outre, la Chine entretient des rapports très étroits avec le Pakistan, l’ennemi historique de l’Inde. D’où, d’ailleurs, la stratégie dite de « double front » élaborée en 2010 par l’état-major indien, laquelle prévoit, en cas de conflit, de lancer des offensives simultanées à la fois vers le territoire pakistanais et le nord de l’Himalaya.

Mais, selon les analystes, un conflit entre l’Inde et la Chine est peu probable. Du moins à court-terme. En revanche, les autorités indiennes sont préoccupées par les objectifs à long-terme de Pékin, en particulier dans l’océan Indien, où les incursions des sous-marins chinois sont fréquentes. Mais pas seulement.

En effet, la Chine est en train de tisser sa toile dans la région, en finançant des infrastructures (ports, chemins de fer, etc…) au Pakistan, au Sri Lanka et au Bangladesh. Et, en parallèle, elle accroît son influence militaire en établissant, avec ces pays, des coopérations ou bien leur vendant des armes. Aussi, cette stratégie, dite du « collier de perles », viserait à encercler l’Inde.

La livraison, le 14 novembre dernier, de deux sous-marin de la classe Ming (type 035G) commandés pour 203 millions de dollars à la Chine par le Bangladesh servirait cette stratégie. Du moins, est-ce ainsi que cela est perçu par des analystes indiens.

En effet, les relations entre l’Inde et le Bangladesh sont désormais apaisées, avec un accord qui, délimitant leur frontière signé en juin 2015, a mis un terme à un différend territorial qui empoisonnait leurs rapports depuis 1971. Et la délimitation de leurs eaux territoriales dans le golfe du Bengale a fait l’objet d’un arbitrage en 2014, comme cela fut le cas entre le Bangladesh et la Birmanie deux ans plus tôt.

« Compte tenu de la situation économique du Bangladesh (…) l’acquisition de ces sous-marins est non seulement illogique mais est aussi un acte de provocation à l’égard de l’Inde. (…) Leur utilisation pourrait poser une menace pour l’Inde et compliquer le paradigme de la sécurité maritime » dans la région, a estimé, dans les colonnes de Defense News, l’amiral indien en retraite Arun Prakash. « Il est évident que cette livraison est une étape supplémentaire dans la stratégie de la Chine visant à encercler l’ Inde avec ses États clients », a-t-il ajouté.

« La marine du Bangladesh a toujours bénéficié de transferts chinois mais la livraison de sous-marins marque une évolution majeure de leur cooopération en matière de défense, ce qui contribuerait à faire de l’Asie du Sud un espace beaucoup plus contesté, avec de nouveaux systèmes d’armes », a commenté Swaran Singh, professeur en relations internationales de l’Université Jawaharlal Nehru en Inde.

En outre, comme il s’agit d’une capacité nouvelle pour le Bangladesh, ce pays a certainement bénéficié d’une aide chinoise pour former et entraîner ses sous-mariniers et construire les infrastructures nécessaires. Il est même probable que ds marins chinois soient à bord lors de leurs premières sorties.

Cela étant, les deux sous-marins acquis par le Bangladesh, appelés « Nabajatra » et « Joyjatra », ne sont pas de nature à poser une grande menace pour la marine indienne dans la mesure où il s’agit de navires dont la conception est dérivée de la classe russe Romeo (Type-033), mise au point dans les années 1960.

Par ailleurs, à Dacca, on fait valoir que la mise en service de ces sous-marins doit permettre de mieux protéger les ressources de sa zone économique exclusive du pays qui s’étend sur 111.600 km2, soit presque autant que sa superficie (143.998 km2).

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