L’Otan met un terme à son opération contre la piraterie au large de la Somalie

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Officiellement, l’Otan mettra un terme à l’opération Ocean Shield le 16 décembre prochain. Mais dans les faits, la dernière mission de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien a été effectuée cette semaine par un avion de patrouille maritime Challenger 604 des forces aériennes danoises.

Toutefois, l’Otan assure qu’elle restera engagée dans la région, « en maintenant sa connaissance de la situation maritime et en continuant d’entretenir des liens étroits avec d’autres acteurs de la lutte internationale contre la piraterie. »

La fin d’Ocean Shield, lancée en 2009, permettra à l’Otan de s’engager davantage en Méditerranée centrale et d’intensifier ses patrouilles dans la région de la Baltique ainsi que dans la mer Noire. La décision d’arrêter cette opération a été motivée par la baisse sensible des actes de piraterie constatés au large des côtes somaliennes.

En effet, le Bureau Maritime International (BMI) a assuré, dans son dernier rapport trimestriel, n’avoir observé aucune attaque de pirates au large de la Somalie depuis le début de cette année. Globalement, d’ailleurs, le nombre d’actes de piraterie en haute mer serait tombé au troisième trimestre 2016, à son plus bas niveau depuis 20 ans.

Outre la fin d’Ocean Shield, les moyens de l’opération anti-piraterie de l’Union européenne EU NAVFOR Atalanta, dont le mandat expire aussi en décembre prochain, ont été réduits à une frégate fournie par les Pays-Bas (HNLMS Tromp) un patrouilleur Relampago et deux avions de patrouille maritime P-3C Orien espagnols.

Toutefois, la prudence est de mise en ce qui concerne la piraterie somalienne. « Elle a quasiment disparu dans l’océan Indien, grâce à l’opération Atalante [mais pas que…, ndlr]. Pourrait-elle resurgir? Probablement, si la vigilance en mer se relâchait », avait estimé l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors de dernier son passage devant les députés de la commission de la Défense.

Et en effet, il faut se garder de crier victoire trop vite. Ainsi, le rapport trimestriel du BMI n’a pas eu le temps de prendre en compte l’attaque commise le 22 octobre par des pirates contre le chimiquier britannique CPO Korea à 330 milles des côtes somaliennes, déjouée par les gardes armés qui se trouvaient à son bord.

En outre, le BMI considère que les attaques qui lui ont été signalées. Celles, par exemple, visant des bateaux de pêche iraniens ne sont pas pas comptabilisées. Or, c’est l’une des raisons qui motive l’Iran d’envoyer régulièrement des frégates patrouiller près dans la région.

En outre, dans son dernier rapport sur la Somalie, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait part de sa préoccupation au sujet de la « complexité des liens entre la piraterie et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée », après avoir souligné que « les pirates s’en prennent de plus en plus aux boutres et bateaux de pêche étrangers dans le but d’obtenir une rançon. »

« La hausse en 2015 du nombre des gens de mer détenus par des pirates est en grande partie attribuable au détournement de petits bateaux de pêche. De nombreuses populations locales voient dans le paiement de rançons le moyen de compenser la perte des recettes tirées de la pêche, qu’elles attribuent à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée pratiquée par ces navires, et de ce fait, la réalité de ce type de pêche et l’idée que s’en font ces populations peuvent être un moteur de la piraterie », est-il expliqué dans ce rapport.

Et ce problème de pêche illicite est accentué par l’incapacité des autorités somaliennes à patrouiller dans leurs eaux territoriales. Aussi, comme le souligne le rapport de l’ONU, les « facteurs à l’origine des actes de piraterie n’ont pas changé depuis 2005 » et « l’absence de perspectives économiques est la cause principale du recrutement de pirates ». Qui plus est, poursuit-il, « les réseaux criminels à l’origine des actes de piraterie n’ont pas encore été vaincus, des chefs pirates comme Mohamed Osman Mohamud étant toujours en fuite. »

Et de prévenir : « si rien n’est fait pour modifier ces facteurs sous-jacents et lutter contre ces réseaux, la piraterie pourrait refaire surface. »

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