Tokyo et Séoul ont signé un accord de partage de renseignements sur la Corée du Nord

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Les relations entre le Tokyo et Séoul sont marquées par des contentieux historiques et territoriaux. Ainsi, la Corée du Sud n’a pas oublié l’annexion de la péninsule par le Japon impérial en 1910 et les exactions dont furent victimes les Coréens jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

À cela s’ajoute la question des rochers Liancourt (ou Dokdo) qui, situés en mer du Japon (appelée mer de l’Est à Séoul), sont revendiqués par Tokyo alors qu’ils sont administrativement rattachés à l’île sud-coréenne d’Ulleungdo. Cette affaire donne lieu épisodiquement à des provocations et donc à des tensions entre les deux pays.

Cela étant, la Corée du Sud et le Japon, qui, par ailleurs, bénéficient tous les deux du parapluie militaire américain, font face à une menace commune : la Corée du Nord, qui lance régulièrement des missiles balistiques en direction de l’archipel nippon et voue aux gémonies son voisin du sud. Cela ne serait pas si grave si Pyongyang ne s’attachait pas à développer un arsenal nucléaire.

En 2016, et malgré les sanctions internationales décrétées par le Conseil de sécurité des Nations unies, la Corée du Nord a effectué pas moins 20 tirs de missiles balistiques – dont certains sont tombés dans la zone économique excusive japonaise – et deux essais nucléaires.

Cette situation a donc motivé un rapprochement inédit entre le Japon et la Corée du Sud dans le domaine du renseignement. Rapprochement qui a fait l’objet d’un accord signé le 23 novembre par les deux pays… mais aussi d’une opposition d’une frange de l’opinion sud-coréenne, qui l’a estimé « non patriotique et humiliant » et de Pyongyang, qui a parlé de « trahison » au profit de « l’ennemi juré » du peuple coréen.

Concrètement, cet accord passé entre Séoul et Tokyo porte sur l’échange de renseignements sur la Corée du Nord, prête, selon le ministre sud-coréen de la Défense, « à réaliser à tout moment un nouvel essai nucléaire ou de nouveaux tirs de missiles ». Et d’ajouter : « Notre sécurité se trouvera renforcée par le fait que nous puissions utiliser les capacités de renseignements japonaises pour faire face aux menaces nord-coréennes grandissantes. »

De son côté, le ministère japonais des Affaires étrangères a fait valoir que cet accord va permettre un échange de renseignements « encore plus linéaire et rapide ».

Cela étant, en vertu d’un accord conclu en 2014, la Corée du Sud et le Japon échangeait déjà des renseignements sur la menace nord-coréenne mais… par l’intermédiaire des États-Unis. La procédure qui sera mise en place seront donc plus directe et anticipe, d’une certaine manière, l’attitude qu’aura l’administration de Donald Trump.

Ce dernier avait en effet affirmé qu’il envisagerait le retrait des troupes américaines de l’archipel nippon et du sud de la péninsule coréenne si Tokyo et Séoul n’apportaient pas une hausse significative de leur participation financière à ce « parapluie » militaire. D’ailleurs, signe peu rassurant pour Tokyo, M. Trump a déclaré qu’il abandonnerait l’accord de libre-échange dit de Partenariat transpacifique (TPP), c’est à dire l’un des axes principaux du pivot des États-Unis vers la région Asie-Pacifique voulu par Barack Obama, son prédécesseur.

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