Ankara accuse Damas d’être responsable de la mort de trois soldats turcs dans le nord de la Syrie

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Le 24 août dernier, la Turquie a lancé l’opération « Bouclier de l’Euphrate » dans le nord de la Syrie en appuyant l’action de groupes rebelles syriens qu’elle soutient. Cette offensive a deux objectifs : il s’agit en effet d’établir une zone de sécurité en territoire syrien en y chassant les jihadistes de l’État islamique (EI et Daesh) et d’éviter que les milices kurdes syriennes (YPG), alliées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc puissent faire la jonction entre les régions qu’elles contrôlent.

Pour élargir cette zone de sécurité le long de la frontière syrienne mais aussi pour prendre de vitesse les milices kurdes intégrées aux Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, l’armée turque et ses alliés syriens ont lancé une offensive en direction de la localité d’Al-Bab, dernier bastion de l’EI dans le gouvernorat d’Alep, située à une trentaine de kilomètres de la ville du même nom.

Seulement, ce mouvement n’est pas du goût du régime syrien, dont les forces, appuyées par l’aviation russe, cherchent à isoler la partie Est de la ville d’Alep, encore tenue par les groupes rebelles. Aussi, Damas avait prévenu Ankara de ne pas s’aventurer du côté d’Al-Bab.

C’est dans ce contexte que, dans la nuit du 23 au 24 novembre, précisément à 03H30 locales (00H30 GMT), trois soldats turcs ont été tués dans le nord de la Syrie.

Dans un premier temps, il a été question d’une attaque lancée par les jihadistes de l’EI. Puis, plus tard, et pour la première fois depuis le lancement de l’opération « Bouclier de l’Euphrate », Ankara a accusé Damas d’être responsable de la mort de ces trois soldats.

« Trois frères d’armes héroïques sont tombés en martyrs et 10 (…) ont été blessés dans une attaque aérienne dont nous estimons qu’elle a été menée par les forces du régime syrien », a en effet indiqué, via un communiqué, l’état-major turc.

Les militaires turcs visés par cette frappe appartenaient probablement aux forces spéciales turques étant donné que le patron de ces dernières, le  général Zekai Aksakallı, a rendu visite aux blessés, hospitalisés à Kilis.

Cela étant, ce n’est pas le premier incident entre les forces turques et syriennes. Par exemple, en juin 2012, un avion de reconnaissance RF-4E Phantom II de l’aviation turque avait été abattu par la défense aérienne syrienne à 15 km au large de la ville syrienne de Lattaquié.

Reste à voir les conséquences qu’aura cette attaque contre les forces turques. Mais avant toute chose, encore faut-il avoir la certitude qu’elle a été bel et bien menée par Damas étant donné que les avions syriens ne sont pas les seuls à opérer dans la région. La coalition anti-EI y est active (même si elle ne soutient pas l’offensive turque en direction d’al-Bab) de même que l’aviation russe. Et l’on ne peut pas non plus écarter l’hypothèse d’une frappe fraticide.

En tout cas, cet incident ne pourra pas dégrader davantage les relations entre Ankara et Damas, le président turc, Recep Tayyip Erdogan ne souhaitant que la chute de son homologue syrien Bachar el-Assad, qu’il qualifie de « monstre aux mains recouvertes de sang. »

Par ailleurs, le 22 novembre, M. Erdogan a assuré que, après la conquête d’al-Bab, le prochain objectif de l’opération Bouclier de l’Euphrate serait la localité de Manbij, prise à l’EI en août à l’issue de violents combats menés par les FDS, et donc les milices kurdes syriennes.

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