Le Canada va commander 18 F/A-18 Super Hornet pour éviter une rupture capacitaire

cf-18-20150324

En 2010, Ottawa annonça son intention de commander, sans passer par un appel d’offres, 65 avions F-35 Lightning II auprès de Lockheed-Martin afin de remplacer les 77 CF-18 Hornet de l’Aviation royale canadienne. Cette décision n’était guère surprenante étant donné que le Canada était impliqué dans ce programme américain à hauteur de 168 millions de dollars.

Seulement, l’annonce du gouvernement en place à l’époque, dirigé par le conservateur Stephen Harper, donna lieu à une vive polémique en raison du prix d’achat de ces 65 F-35. Après un rapport du vérificateur général du Canada et un audit du cabinet KPMG, selon lesquels les coûts liés à l’appareil de Lockheed-Martin avaient été sous-évalués, Ottawa s’engagea à lancer un appel d’offres pour renouveler sa flotte d’avions de combat.

Et puis, en 2015, une nouvelle majorité, conduite par le libéral Justin Trudeau, arriva au pouvoir. Pendant la campagne électorale, ce dernier critiqua sévèrement le choix en faveur de l’avion de Lockheed-Martin tout en assurant qu’il lancerait « un appel d’offres ouvert et transparent pour remplacer les F-18 » car, avait-il dit, « nous n’achèterons pas de chasseurs-bombardiers furtifs F-35. »

Seulement, le remplacement des CF-18 Hornet est tellement urgent qu’il ne peut pas attendre l’issue d’un appel d’offres susceptible de prendre plusieurs mois, si ce n’est des années. Dans le même temps, il n’est pas question non plus, pour M. Trudeau, de renoncer à une promesse de campagne… D’où une solution « intérimaire », avancée le 22 novembre par Harjit Sajjan, son ministre de la Défense, et Judy Foote, sa ministre des Approvisionnements publics

Ainsi, et comme il en était question depuis juin dernier, le Canada va engager des discussions pour se doter de 18 F/A-18 Super Hornet auprès de Boeing et lancer en parallèle un appel d’offres pour le renouvellement de son aviation de chasse.

« Chaque gouvernement doit décider du niveau de risque qu’il est prêt à accepter pour le Canada ainsi que pour nos hommes et nos femmes en uniforme. Avoir à gérer nos engagements envers le NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord, ndlr] et l’Otan ainsi que notre capacité à répondre à des évènements imprévus n’est pas un risque que le gouvernement est prêts à accepter », a expliqué M. Sajjan. Une « flotte intermédiaire fournira le moyen le plus efficace pour que le Canada puisse demeurer un allié crédible et fiable », a-t-il plaidé.

Et d’ajouter qu’Ottawa « entamera des discussions avec le gouvernement des États-Unis et Boeing pour l’utilisation provisoire » de ces 18 F/A-18 Super Hornet.

En outre, M. Sajjan a précisé que « le gouvernement lancera au cours de son mandat actuel (qui prendra fin en 2019) un appel d’offres large, ouvert et transparent pour remplacer sa flotte de F-18. »

De son côté, Judy Foote a promis « des discussions approfondies avec l’industrie (aérospatiale) et des gouvernements étrangers pour nous assurer d’avoir l’information la plus fiable et à jour quant à nos options » au cours de cette procédure.

Quant au coût de cette solution « intérimaire », Mme Foote a dit en avoir « une idée. Mais, a-t-elle continué, « nous devons entamer les négociations avec Boeing. […] Lorsque l’on sera convaincus qu’ils peuvent assumer la tâche, à un prix qui soit juste pour les Canadiens, ce prix sera rendu public. »

Toutefois, la promesse de M. Trudeau de ne pas acheter le F-35 reste en suspens. En effet, selon la déclaration gouvernementale, le Canada reste engagé dans le programme conduit par Lockheed-Martin, du moins tant que le contrat pour renouveler la flotte de CF-18 ne sera pas attribué.

Cette position lui permettra de « maximiser les avantages du partenariat, y compris maintenir l’accès aux retombées industrielles du F-35 » et de lui donner éventuellement « l’option d’acquérir le chasseur dans le cadre du programme » dans le cas où il serait finalement retenu au terme de l’appel d’offres. Mais c’est aussi un moyen d’éviter de possibles recours en justice…

Cela étant, si un accord avec Boeing est trouvé, le F/A-18 Super Hornet sera évidemment le grand favori de l’appel d’offres canadien. Cet appareil ayant des différences notables avec son aîné, même s’il est de la « même famille », l’on voit mal comment il ne pourrait pas être choisi s’il fait l’affaire des aviateurs canadiens…D’autant plus que cette solution « intérimaire » suppose donc de faire cohabiter deux avions différents, ce qui exige des infrastructures et des équipements spécifiques à chacun d’entre eux.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]