Vers un déploiement permanent de missiles Iskander dans l’enclave russe de Kaliningrad?

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Régulièrement, dans le cadre d’exercices militaires, la Russie envoie dans l’enclave de Kaliningrad, coincée entre la Lituanie et la Pologne, des missiles balistiques à capacité nucléaire Iskander, lesquels peuvent théoriquement atteindre Berlin ou encore l’île suédoise – stratégique – de Gotland.

Ces déploiements ponctuels de missiles Iskander associés à une actitivité militaire russe accrue dans la région depuis l’annexion de la Crimée et les troubles qui agitent le sud-est de l’Ukraine ainsi qu’aux intimidations répétées dont font l’objet les pays de cette zones, ont conduit l’Otan à prendre des mesures de « réassurance » au profit des trois États baltes et de la Pologne.

Ces dernières passent notamment par le déploiement de 4 bataillons forts de 600 à 1.000 hommes en Pologne, Estonie, Lituanie et Lettonie, ainsi que sur la mise sur pied d’une force de réaction « très rapide » (Very High Readiness Joint Task Force) de 3.000 à 5.000 soldats.

Seulement, pour Moscou, ce renforcement du flanc oriental de l’Otan est vu comme une menace supplémentaire. Tout comme, d’ailleurs, l’installation du bouclier anti-missile en Roumanie et en Pologne. Pourtant, en 2010, les Alliés avaient proposé à la Russie de participer à cette défense anti-missile… Mais, comme si cette proposition était gênante pour leurs intérêts, les autorités russes firent monter les enchères au point de faire échouer les discussions.

Quoi qu’il en soit, ce bouclier anti-missile de l’Otan justifie, aux yeux de Viktor Ozerov, le président de la commission de Défense de la chambre haute du Parlement russe, le déploiement (permanent?) de système de défense aérienne S-400 et de missiles balistiques Iskander à Kaliningrad.

Selon lui, il s’agit de la « réponse contrainte » de la Russie à l’installation, en Europe de l’est, de la défense antimissile de l’Otan, largement dépendante des moyens américains.

« Comme mesures de riposte à ces menaces, nous aurons à déployer des forces supplémentaires. Ce renforcement comprend le déploiement de système S-400 et de missiles Iskander à Kaliningrad », a en effet déclaré, le 21 novembre, M. Ozerov, dont les propos ont été rapportés par l’agence officielle Ria.

Le président Vladimir Poutine a quant à lui justifié ce renforcement de la présence militaire russe à Kaliningrad par les mesures de « réassurance » de l’Otan prises en faveur des pays baltes et de la Pologne. « Pourquoi réagissons-nous avec autant d’émotion à l’expansion de l’Otan? (Parce que) nous sommes inquiets par les prises de décision de l’Otan », a-t-il affirmé.

« Que devons-nous faire ? Il nous faut prendre des contre-mesures, c’est-à-dire viser avec nos systèmes de missiles les installations qui, selon nous, commencent à constituer une menace pour nous », a fait valoir le maître du Kremlin lors d’un entretien télévisé dont l’agence RIA a diffusé des extraits.

Ces propos n’ont pas manqué de faire réagir à Washington. « Le déploiement d’Iskander et de missiles S-400 à Kaliningrad déstabilisent la sécurité européenne. La Russie menace d’y déplacer les missiles d’Iskander depuis plusieurs années en réponse à divers développements en Europe. Mais aucun de ces développements ne mérite une telle réponse », a en effet valoir John Kirby, un porte-parole de la diplomatie américaine.

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