Le projet d’acquérir 3 nouveaux sous-marins suscite la polémique en Israël

dolphin-20140926

Fin octobre, l’on apprenait qu’Israël avait l’intention de commander trois nouveaux sous-marins de type Dolphin AIP auprès du groupe allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) afin de remplacer, d’ici 10 ans, les trois modèles les plus anciens entrés en service au sein de la marine israélienne au tournant des années 2000.

Seulement, ce projet ne fait pas l’unanimité en Israël. Dans un premier temps, les négociations avec la partie allemande ont été engagées par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans le dos du ministre de la Défense, Moshe Ya’alon. Or, ce dernier était hostile à cette éventuelle acquisition, tout comme l’état-major de Tsahal, qui estimait avoir d’autres priorités à financer.

Pendant un moment, les discussions ont donc été interrompues avant de reprendre discrètement à la faveur d’un remaniement ministériel destiné à élargir la majorité de M. Netanyahu à la Knesset, Moshe Ya’alon, par ailleurs ancien chef d’état-major de Tsahal (2002-2005) a été poussé vers la sortie pour être remplacé par Avigdor Lieberman, beaucoup moins expérimenté sur les questions militaires.

La suite est connue : le 31 octobre, M. Netanyahu a en effet confirmé son intention de commander trois nouveaux sous-marins auprès de TKMS pour 1,2 milliard de d’euros, malgré un rabais de 30% consenti par Berlin au nom de son aide militaire fournie à Israël.

Affaire pliée? Pas vraiment… La semaine passée, la chaîne de télévision Channel 10 a révélé que l’avocat David Shimron, un proche de M. Netanyahu, était membre du conseil d’administration d’une des filiales de TKMS et représentait les intérêts de l’homme d’affaires israélien Miki Ganor, agent du groupe allemand. D’où des suspicions de conflits d’intérêts dans cette nouvelle commande de sous-marins.

Ex-chef du gouvernement israélien et ancien ministre de la Défense de M. Netanyahu, Ehud Barak a demandé l’ouverture d’une enquête pour vérifier ces allégations. « Les sous-marins sont indispensables, mais la confiance du public l’est plus encore », a-t-il estimé. « Il y a beaucoup de points d’interrogation, c’est pourquoi il est impératif que les choses soient mises au clair, comme l’a dit Ya’alon », a-t-il encore ajouté.

À la Knesset, Isaac Herzog, le chef de l’opposition de centre-gauche, a fait part de son intention de mettre en place un comité parlementaire pour enquêter sur les dessous de cette affaire. « Nous devons étudier tous les aspects de cet accord, car il s’agit d’un sujet délicat, impliquant des proches du Premier ministre », a-t-il justifié.

« Aucun de nous ne savait que l’avocat personnel du Premier ministre était impliqué dans ces ventes. Pourquoi les Allemands ont-ils embauché Shimron? Pour ses connaissances? Ils l’ont embauché parce qu’il est l’homme le plus proche du Premier ministre, et ensuite une situation évolue, dans laquelle nous négocions avec les Allemands et les Allemands savent que l’avocat travaille pour eux. Et nous ne le savons pas », a enchéri Yair Lapid, le président du parti centriste d’opposition Yesh Atid, qui a appelé le procureur général, Avichai Mandelblit, à ouvrir une enquête criminelle sur cette affaire.

Le 20 novembre, à l’occasion du conseil hebdomadaire des ministres, M. Netyanahu a bien été obligé d’aborder le sujet. « Shimron n’a jamais évoqué les sous-marins ni les bateaux ni aucun sujet concernant ses clients avec le Premier ministre », a fait valoir son bureau, via un communiqué. Et d’ajouter que les proches de M. Netanyahu, y compris M. Shimron, « savent qu’il ne faut pas aborder leurs affaires personnelles avec le Premier ministre. »

En outre, M. Netanyahu a réaffirmé le principe qui le guide. « Israël doit être capable de se défendre contre tout ennemi et dans tous les domaines », a-t-il dit. « La sécurité d’Israël nécessite l’acquisition de sous-marins. Il s’agit de systèmes d’armes stratégiques qui assurent l’avenir et l’existence même de l’Etat d’Israël pour les prochaines décennies », a-t-il plaidé.

Cela étant, ces déclarations n’ont pas mis un terme à la controverse. Ce 21 novembre, le procureur général et le procureur de l’État, Shai Nitzan, ont fait part de leur intention d’examiner les documents liés à cette commande de sous-marins. Si pour le moment, l’ouverture d’une enquête n’est pas d’actualité, elle pourrait le devenir si jamais des éléments compromettants sont découverts.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]