La Finlande va accueillir un centre européen contre les menaces hybrides

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Imaginez que le système de contrôle du chauffage tombe en panne alors qu’il fait moins 10 degrés dehors… Les habitants de plusieurs résidences de Lappeenranta, une ville finlandaise située à une trentaine de kilomètres de la frontière russe, n’ont pas eu à imaginer une telle situation : ils l’ont vécue pendant une semaine.

Et cela à cause d’une attaque informatique par déni de service distribué (DDoS) contre les unités de commande centrale utilisées pour la gestion du système de chauffage et climatisation. Et visiblement, les techniciens chargés d’en assurer la maintenance étaient à mille lieues d’imaginer un tel mode opératoire. D’où le temps qu’il leur a fallu pour prendre les mesures adéquates.

Cette dépendance, toujours de plus en plus marquée, aux outils informatiques constitue un point faible qui ne peut être qu’exploitée dans le cadre d’une guerre dite hybride, c’est à dire qui repose sur une stratégie qui combine à la fois des moyens militaires et non militaires (influence, désinformation, diplomatie, technologie, économie, etc).

En général, et même si elle peut être le fait d’acteur non étatique, comme l’organisation État islamique, la guerre dite « hybride » est le généralement menée par des acteurs étatiques. La Russie en a donné un exemple lors de l’annexion de la Crimée, en utilisant et en coordonnant, comme l’a souligné un rapport de l’Assemblée parlementaire de l’Otan, « une vaste gamme de tactiques différentes allant de la coercition politique et économique aux
cyberattaques, à la désinformation et à la propagande, en passant par l’action militaire clandestine ou manifeste. »

En Finlande justement, où l’on s’inquiète du voisin russe, les menaces de ce genre sont prises très au sérieux. D’où l’annonce, faite par Helsinki, ce 21 novembre, de la création prochaine d’un Centre européen d’excellence de lutte contre les menaces « hybrides ».

« Il s’agit de mettre en place des capacités de résistance et de préparer (…) aux menaces hybrides », a expliqué Jori Arvonen, le responsable des affaires européennes auprès du Premier ministre finlandais.

Ce centre, qui devrait être opérationnel l’an prochain, permettra à un réseau d’experts européens d’échanger des informations sur les modes opératoires russes ainsi que sur les tactiques de l’État islamique.

Ce réseau, qui comptera des universitaires et des fonctionnaires spécialistes de ces questions, « se concentrera sur la recherche, la formation et l’échange des meilleures pratiques » contre les menaces hybrides », a précisé M. Arvonen. D’après lui, la Finlande est l’hôte « idéal » car le pays compte de « bons experts sur la Russie ».

Cette initiative finlandaise est soutenue par l’Union européenne et le secrétariat de l’Otan. Son budget, dont le montant sera d’environ 2 millions d’euros, sera en grande partie pris en charge par Helsinki. Mais d’autres pays, dont la liste n’est pas encore définitivement arrêtée, sont prêts à donner une participation financière.

À noter que l’Otan, qui ne compte pas la Finlande parmi ses membres, a mis en place Centre d’excellence pour la communication stratégique (STRATCOM), dont la mission est justement de « renforcer la sécurité de l’information, de protéger l’espace public des alliés contre la désinformation. »

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