Vendre aux armées de l’imagerie spatiale plutôt que des satellites d’observation serait « envisageable »

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L’activité « géo-information » (GEO ou imagerie spatiale) d’Airbus Defence & Space doit faire face à la redoutable concurrence de Digital Globe, qui propose sur le marché des images « très haute résolution » (THR) fournies par l’administration américaine.

Or, comme l’a souligné Marwan Lahoud, président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) et directeur général délégué à la stratégie et au marketing du groupe Airbus, « quand votre concurrent dispose de telles images, il ‘tue’ l’activité des autres entreprises. »

D’où le projet annoncé par Airbus à l’occasion du World Satellite Business Week, une conférence organisée en septembre dernier. En effet, le groupe européen a l’intention de mettre en orbite 4 satellites d’observation entre 2020 et 2021, afin notamment de continuer à alimenter sa banque d’images de très haute résolution.

« L’initiative d’Airbus consistant à lancer ses propres satellites ne vient pas d’une logique ‘défense’ ou de ‘compétition défense' », a précisé M. Lahoud, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense, avant de rappeler que, via son activité GEO, son groupe est « l’un des principaux fournisseurs – si ce n’est le principal fournisseur – de Google en matière d’imagerie spatiale. »

« Nous devions donc réagir [face à la concurrence américaine, ndlr], ce que nous avons fait en lançant cette initiative satellite THR. Ce n’était pas du tout calculé, mais nous allons lancer cette activité car nous en avons besoin pour faire vivre notre activité GEO – pas seulement toutefois, car il y a bien un business case et un retour sur investissement dans ce domaine », a encore insisté Marwan Lahoud.

Aussi, une question se pose. Si un opérateur privé est en mesure de proposer des images « très haute résolution » obtenues par ses propres moyens, vendre des satellites aux militaire a-t-il encore un sens?

« La vente d’images aux militaires va-t-elle se substituer à la vente de satellites d’observation? », a ainsi demandé le président du GIFAS. « Il reste du travail à faire – les militaires ont besoin de maîtriser totalement la programmation – mais c’est envisageable », a-t-il estimé.

En tout cas, pour ce qui concerne la France, une telle éventualité n’est pas actualité étant donné que le programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System for Surveillance, Reconnaissance and Observation) va bien au-delà de la simple imagerie spatiale, actuellement fournies par les satellites Helios et Pléiades (ces derniers étant exploités conjointement avec Airbus).

Quoi qu’il en soit, M. Lahoud a insisté sur le fait que l’on va assister à « un changement de business model ». « Nous sommes ici dans l’innovation disruptive avec la simple utilisation d’une technologie actuelle – la THR – mais au service d’un modèle économique différent qui est le suivant : nous n’allons plus vous vendre des satellites, nous allons en conserver la propriété, mais nous allons vous vendre des images », a-t-il expliqué.

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