Les gendarmes font face à une situation « explosive » à Mayotte et « préoccupante » en Nouvelle-Calédonie

Dans un rapport diffusé en juin dernier, l’on pouvait lire que les « gendarmes affectés dans les départements et collectivités d’outre-mer restent en 2015 les plus exposés au niveau national à la menace d’une agression physique » et que le « le nombre d’agressions physiques constatées outre-mer représente 15,37% des faits enregistrés au niveau national. »

Et c’est en Nouvelle-Calédonie que la situation est la plus sensible pour les gendarmes. Fin octobre, six d’entre-eux ont encore été blessés – dont cinq par arme à feu – au cours d’affrontements ayant éclaté après la mort d’un jeune homme lors du contrôle de son fourgon, « dont la présence avait été signalée sur des faits délictueux commis au cours de la nuit ». Précision importante : l’individu en question avait cherché à percuter un des militaires au moment de ce contrôle…

Et le Directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), le général Richard Lizurey, ne s’est pas montré très optimiste pour l’avenir. « La situation de la Nouvelle-Calédonie est préoccupante », a-t-il dit, lors de son audition par les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées.

« À la suite de la réunion du comité des signataires des Accords de Nouméa qui vient de se tenir avec le ministre de l’Intérieur, un effort sera conduit, dès 2017, pour augmenter les effectifs en Nouvelle-Calédonie et mieux assurer la protection de nos personnels », a souligné le général Lizrurey. Car, a-t-il ajouté, « la Nouvelle-Calédonie est le territoire d’Outremer où le nombre de tirs directs par arme à feu sur les gendarmes est le plus important ».

En outre, a continué le général Lizurey, « plus le référendum d’autodétermination, qui aura lieu en 2018, ndlr] s’approche, plus le niveau de violence augmente. Il nous faut ainsi nous préparer, le jour du référendum, à mettre en oeuvre un dispositif du maintien de l’ordre public. »

Par ailleurs, le contexte à Mayotte est « extrêmement préoccupant ». Du moins, c’est ce qu’avait estimé le président Hollande lors du Conseil des ministres du 18 mai dernier. Et le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, d’expliquer : « Il y a là, avec l’immigration qui vient des Comores, un sujet sur lequel le statu quo ne peut pas être accepté (…) C’est un sujet extrêmement brûlant sur lequel il va falloir que l’on prenne des dispositions. »

« Les tensions liées aux migrations aujourd’hui à Mayotte conduisent à des choses qui sont assez inacceptables », avait ajouté M. Le Foll. Sur un population d’environ 210.000 habitants, l’archipel compte 40% d’étrangers. Ce qui donne lieu à des tensions communautaires tandis que les vols, les trafics et la délinquance explosent. Entre 2014 et 2015, les agressions physiques ont en effet augmenté de 50%.

En juin, le ministère de l’Intérieur a annoncé un plan pour augmenter les effectifs des forces de sécurité à Mayotte, afin d’y mener des « opérations de prévention et sécurisation autour des établissements scolaires et hospitaliers », renforcer « la lutte contre les cambriolages » et lutter contre « l’immigration clandestine ».

Le général Lizurey, qui a évoqué, devant les sénateurs, des « difficultés sociales induisant des impacts collatéraux en matière de sécurité », a rappelé qu’une antenne du Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN), forte de 32 militaires, a été créée à Mayotte. Et, visiblement, il semble qu’il y ait des problèmes au niveau des matériels puisqu’il a annoncé le remplacement, « dès que possible », d’un « moyen nautique actuellement en panne ».

Mais pour le DGGN, la situation à Mayotte est plus que « extrêmement préoccupante » : elle est « explosive ». Et « les véhicules blindés qui sont sur place ont jusqu’à 50 ans d’âge », a-t-il souligné. « On ne dispose pas aujourd’hui des crédits nécessaires à l’achat de nouveaux véhicules blindés. Cependant, les véhicules blindés à roues de la Gendarmerie (VBRG) seront entretenus, tout en en projetant de la métropole. (…) Il nous faudra également y déployer des véhicules de type Defender afin d’assurer la protection de nos personnels », a-t-il expliqué aux sénateurs.

Le dossier du remplacement des VBRG est un serpend de mer. Et il devrait le rester encore longtemps étant donné qu’il n’est pas prioritaire. « Soucieux de préserver ces moyens, le ministère de l’Intérieur met en œuvre des solutions afin d’en préserver le potentiel opérationnel (utilisation de porte-engins avec remorque et réemploi des pièces des VBRG réformés). Cette situation doit par ailleurs être analysée au travers de la faible occurrence de l’emploi de ces engins sur le territoire national. Ainsi leur taux de disponibilité technique reste suffisant au regard des besoins opérationnels de la gendarmerie », avaient en effet répondu, en février 2015, les services de la Place Beauvau, à une question écrite posée par un sénateur.

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