La Pologne ne veut pas se fâcher avec la France pour une « poignée d’hélicoptères »

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Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ne décolère pas après la rupture, par la Pologne, des discussions concernant le contrat portant sur 50 hélicoptères H-225M Caracal.

« Un accord, lorsqu’il est conclu, n’engage pas que le ministre ou le gouvernement qui le signe, mais l’État. Or, l’accord en question a été dénoncé de manière stupéfiante et sans qu’aucun argument valable ne soit formulé. La question des offsets, ou mesures compensatoires, a été soulevée, mais il nous était demandé de payer des compensations sur la fiscalité, dont il fallait aussi s’acquitter par ailleurs – autrement dit, de payer deux fois. De surcroît, c’est la partie polonaise qui a rompu. Ce comportement est extrêmement inamical », avait expliqué le ministre alors qu’il était entendu par les députés de la commission des Affaires étrangères, le 11 octobre dernier.

Puis, lors de l’examen des crédits de la mission Défense pour 2017, M. Le Drian a une nouvelle évoqué ce dossier à l’Assemblée nationale. « Avec la Pologne, on est vraiment très fâchés parce que ce n’est pas des méthodes », avait-il lâché, le 2 novembre, fustigeant à nouveau « la mauvaise manière » du gouvernement polonais.

Bref, les relations entre Paris et Varsovie sont donc tendues, d’autant plus que, après l’annonce de la rupture des négociations avec Airbus Helicopters, le ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz, s’était empressé de commander 21 hélicoptères Black Hawk auprès de Sikorsky (filiale de Lockheed-Martin), un appareil qui était un concurrent direct du Caracal…

Cela étant, le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, a tenu à relativiser la portée de cette affaire, lors d’une conférence de presse donnée le 17 novembre pour faire le bilan de son activité un an après sa prise de fonction.

« On ne va pas se fâcher pour une poignée d’hélicoptères », a affirmé M. Waszczykowski, estimant que « des relations d’amitié pluriséculaires [entre la France et la Pologne, ndlr] ne seront pas abîmées par une seule transaction. » Sans entrer particulièrement dans le détail de ce dossier épineux, le chef de la diplomatie polonaise a tenu à souligner que les investissements français en Pologne représentaient « plus de 20 milliards d’euros d’investissements ».

« Si un Polonais sort son téléphone portable, il a de bonnes chances d’utiliser un réseau appartenant à une société française [Orange, ndlr], s’il va à l’hôtel, il tombe souvent sur une chaîne française, s’il va à la banque, c’est la même chose et s’il va au supermarché, ce sera très souvent un magasin français [Auchan, Carrefour, Leclerc, etc…] », a-t-il détaillé.

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