Les épaves de navires de guerre néerlandais et britanniques coulés en mer de Java ont disparu

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Le 27 février 1942, les forces navales néerlandaises, britanniques, australiennes et américaines, placées sous le commandement de l’amiral Karel Doorman, ancien pionnier de l’aviation au Pays-Bas, subissaient une cuisante défaite face à la marine impériale japonaise en mer de Java.

Au cours de cette bataille, le destroyer britannique HMS Electra fut coulé en raison de lourds dégâts et d’un vaste incendie à bord.
Quant à la marine néerlandaise, elle perdit le destroyer HNLMS Kortenaer, brisé en deux par une torpille de Type 93 (2,7 tonnes) lancée par un bâtiment japonais, ainsi que les croiseurs légers HNLMS Java et HNLMS De Ruyter, qui était alors de navire amiral de la force alliée et qui, à ce titre, comptait à son bord l’amiral Doorman. Ce dernier disparut avec ses hommes dans le naufrage.

Quelques heures après ce premier engagement, d’autres navires alliés furent coulés par les Japonaises au cours de que ce l’on appelera plus tard la « seconde bataille de la mer Java ». Les destroyers britanniques HMS Exeter et Encounter eurent la malchance de rencontrer les croiseurs lourds japonais Nachi et Haguro, lesquels les envoyèrent par le fond le 1er mars 1942. Quelques heures plus tôt, l’USS Houston et le HMAS Perth avaient connu le même sort dans le détroit de la Sonde.

En 2002, des plongeurs amateurs découvrirent les restes de trois navires à l’endroit où se déroula la première bataille de la mer Java. Et, dans le cadre de la préparation de la commémoration du 75e anniversaire de ce combat, une équipe internationale s’est récemment rendu sur les lieux. Et, surprise, elle n’a pu que constater la disparition des épaves. D’où les préoccupations exprimées par le ministère néerlandais de la Défense et son homologue britannique.

« Le gouvernement s’émeut d’apprendre que plusieurs navires de la Marine royale britannique, perdus en 1942 au cours de la bataille de la mer de Java, ont visiblement été illégalement dépecés », a en effet déploré un porte-parole du ministère britannique de la Défense (MoD).

« Le Gouvernement de Sa Majesté a contacté les autorités indonésiennes pour exprimer sa vive préoccupation (…) et demander l’ouverture d’une enquête », a ajouté ce porte-parole. En outre, Londre demande aussi que ces épaves contenant encore des restes humains, soient protégées de toute nouvelle « profanation ».

Aux Pays-Bas, dont l’Indonésie fut une colonie jusqu’en 1949, on déplore également la disparition de ces épaves. Et le ministère néerlandais de la Défense a annoncé l’ouverture d’une enquête. « Les épaves du HNMLS De Ruyter et du HNMLS Java ont visiblement disparu totalement. Une importante partie du HNMLS Kortenaer a également disparu », a-t-il constaté.

Cela étant, les autorités indonésiennes ne sont pas perturbées par cette affaire. « Le gouvernement néerlandais ne peut pas rendre le gouvernement indonésien responsable car les Pays-Bas ne nous ont jamais demandé de protéger ces navires », a en effet répondu Bambang Budi Utomo, directeur de Centre national d’archéologie, qui dépend du ministère indonésien de l’Éducation et de la Culture.

Et le fait que ces épaves aient été illégalement démantelées pour récupérer les métaux « ne relève pas de notre responsabilité dans la mesure où il n’y a eu ni accord ni annonce » pour les surveiller », a-t-il fait valoir.

« La marine indonésienne ne peut pas surveiller constamment toutes les zones », a déclaré un porte-parole, Jonias Mozes Sipasulta, rapporte l’AFP. Et le même de se demander « pourquoi les Pays-Bas et la Grande Bretagne n’avaient pas surveillé ces épaves. » Pas sûr que Jakarta aurait apprécié si des navires néerlandais ou britanniques l’avaient effectivement fait…

Photo : HNLMS De Ruyter, photographié peu avant la première bataille de la mer de Java

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