Forte mobilisation des militaires belges contre la réforme de leur régime de retraite

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Il y a là quelque chose qui est difficile à comprendre. D’un côté, le gouvernement belge veut réduire les effectifs de ses forces armées pour améliorer l’équipement de ces dernières. Et, de l’autre, il a l’intention de porter progressivement l’âge du départ en retraite des militaires de 56 à 63 ans d’ici 2030, tout en augmentant leur temps minimum de service pour pouvoir y prétendre.

« Tout le monde en Belgique va devoir travailler plus longtemps. Les militaires devraient pouvoir le faire aussi », a ainsi fait valoir, en avril dernier, le cabinet de Steven Vandeput, le ministre belge de la Défense.

Bien évidemment, ces mesures passent très mal chez les militaires d’outre-Quiévrain qui, par ailleurs, doivent composer avec les restrictions budgétaires tout en étant fortement sollicités pour les engagements extérieurs, les exercices internationaux et la mission intérieure Vigilant Guardian, équivalent belge de l’opération française Sentinelle. Et quand certains fonctionnaires font grève, comme, récemment, les gardiens de prison, ils sont réquisitionnés pour les remplacer.

Malgré les mouvements d’humeur, le gouvernement belge n’entend pas reculer sur sa réforme des retraites. « C’est une décision utile et nécessaire, qui offre une réponse aux défis sociétaux. Les défis budgétaires à long terme et le fait que nous vivons tous plus longtemps, impliquent que nous allons tous devoir travailler plus longtemps – aussi bien les collaborateurs du secteur privé, que les fonctionnaires et le personnel militaire », a encore justifié M. Vandeput, dans une lettre ouverte adressée aux soldats.

La fronde s’est même propagé sur la page Facebook de la composante terrestre de la Défense belge, un article posté par l’un de ses administrateurs ayant appelé à soutenir les militaires devant participer à une manifestation organisée le 15 novembre, jour de la fête du Roi en Belgique.

« Les mesures envisagées par le Gouvernement en matière des pensions des militaires, sont symboliques. Elles ne touchent qu’une frange de la population belge, soi-disant privilégiée par rapport au reste des citoyens. Leur impact n’aura aucun effet sur le budget fédéral. Par contre leur mise en oeuvre représente un risque majeur sur le Département de la Défense : celui de ne plus pouvoir être en mesure d’assurer ses missions de sécurité et de défense. Par manque de budget et par manque de jeunes », fait valoir le texte.

Et son auteur d’insister : « Le militaire est au service de la Nation, en pleine conscience de ses devoirs de loyauté, d’infaillible disponibilité et d’engagement total pour assurer la sécurité de ses compatriotes » e il « n’est pas un fonctionnaire, mais bien un soldat. Il ou elle exerce un métier spécifique et a droit à un statut spécifique. »

Alors que la Défense belge compte environ 30.000 militaires, ils ont donc été entre 8.000 et 10.000 à manifester, le 15 novembre, à l’appel de leurs syndicats. Ce jour a été choisi car il était férié : s’ils peuvent manifester, les soldats belges n’ont en effet pas le droit de grève.

Le cortège, qui ne comptait pas seulement que des militaires (mais aussi leurs proches), s’est dirigé vers le ministère de la Défense. Là, des incidents ont eu lieu avec les forces de l’ordre, les manifestants un peu plus remontés que les autres ayant lancé des citrons et des gamelles vides dans leur direction afin de forcer le barrage qu’elles avaient mis en place. D’après l’AFP et l’agence Belga, les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et un canon à eau pour disperser l’attroupement.

L’idée des citrons se comprend aisément : « Le citron pressé c’est l’image du militaire, on l’écrase pour en retirer la moindre goutte », a expliqué Philippe Sion, le secrétaire général adjoint de la Centrale générale du personnel militaire (CGPM).

Alors que les militaires-manifestants étaient dans la rue, le ministre Vandeput a reçu des responsables des 4 organisations syndicales reconnues pour les représenter. Et, visiblement, cette rencontre n’aura servi à rien.

« On est resté dans une impasse, le ministre n’a pris aucune responsabilité par rapport à ce qui se passe à l’extérieur. Il a allumé la mèche et maintenant il s’étonne et nous demande à d’essayer de la calmer (la situation). Les militaires en ont ras le bol d’avoir ce genre de décisions », a déclaré, à l’issue, Gilles Van Oosthuijze, représentant du SLFP-VSOA Défense.

Au mieux, le ministre belge a assuré qu’il défendrait « la spécificité du métier de militaire », après avoir reconnu l’ampleur de la contestation. Mais pas plus car, a-t-il dit, il n’est pas question de faire des promesses « que je ne pourrai tenir ».

Photo : Manifestation de militaires à Bruxelles, via SLFP-VSOA Défense

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