L’Union européenne a adopté une « feuille de route » pour renforcer sa défense

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Les déclarations faites lors d’une campagne électorale sont comme les propos tenus en fin de banquet : il faut en prendre un peu et beaucoup en laisser. Lors de sa course vers la Maison Blanche, Donald Trump, finalement élu le 8 novembre, a laissé entendre qu’il remettrait en cause la clause de défense collective de l’Otan, étant attendu que, sous sa présidence, une intervention militaire américaine ne serait pas forcément automatique dans le cas où l’un des Alliés serait attaqué, en particulier si ce dernier n’a pas fait d’efforts financiers suffisants pour sa défense.

Cependant, après l’avoir rencontré avant de s’envoler pour l’Europe, le président Obama a assuré, le 14 novembre, que Donald Trump est « favorable à la solidité de l’Otan ». Et d’ajouter, toujours au sujet de celui qui lui succédera en janvier : « Je crois qu’au bout du compte, c’est un pragmatique. Et cela peut lui être utile, à partir du moment où il a de bonnes personnes autour de lui et qu’il sait clairement où il va. »

A priori, il ne devrait pas y de grand bouleversement dans le domaines des relations militaires américaines. Du moins, c’est qu’a expliqué Susan Rice, la conseillère à la sécurité de l’actuel locataire de la Maison Blanche. « Le poids de la fonction [présidentielle], le poids du leadership mondial de l’Amérique et les responsabilités que cela comporte, l’histoire que nous partageons et nos intérêts font que nos alliés et partenaires peuvent compter sur le respect par les Etats-Unis de leurs obligations », a-t-elle dit.

Reste que plusieurs pays européens s’inquiétent toujours d’un éventuel désengagement américain du Vieux Continent. Cela étant,  les États-Unis deM. Obama, quand il n’était question que de leur « pivot »  vers l’Asie-Pacifique, avaient commencé à réduire la voilure en Europe… Avant de revoir cette orientation après l’annexion de la Crimée par la Russie. En outre, cela fait maintenant plusieurs années que les responsables américains demandent à leurs Alliés de l’Otan de revoir à la hausse leurs dépenses militaires et de prendre en main leur propre défense.

Aussi, la feuille de route adoptée le 14 novembre par les ministres de la Défense des États membres pour renforcer les capacités militaires de l’Union européenne n’est pas une réponse spécifique à l’élection de M. Trump.

« L’autonomie stratégique de l’Europe s’impose quels que soient les présidents des Etats-Unis (…) Ce n’est pas en trois jours qu’on aurait pu faire ça », a d’ailleurs commenté Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense. En réalité, cette « feuille de route » était discutée depuis une réunion tenue à Bratislava le 27 septembre dernier.

Cet accord adopté par les ministres européens, réunis à Bruxelles, évoque une « structure permanente » qui, destinée à améliorer la planification et la conduite d’opérations civiles et militaires sous la bannière de l’UE, se substituerait à différents centres de commandements existants. Mais aucune décision n’a été définitivement à cet égard, Federica Mogherini, la Haute-Réprésentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, devait faire des propositions d’ici le premier semestre 2017.

Pour le reste, le texte parle de développer des capacités communes, d’améliorer l’interopérabilité et de renforcer les moyens d’intervention dans le cadre d’opérations de maintien de la paix, notamment avec les groupements tactiques (ou Battle Groups), jamais déployés à ce jour. Il est également question d’un « fonds commun de la défense » et de mettre en place une « stratégie industrielle ».

L’accord des 28, qui devra être encore définitivement validé lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement de décembre prochain, « met en place des solutions concrètes pour les structures de commandement, pour le déploiement d’opérations qui doit être facilité et financé plus aisément (…) C’est quelque chose de parfaitement global qui évoque tous les aspects de défense », a confié, à l’AFP, un diplomate européen.

Alors que son pays va quitter l’UE, le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, a estimé que, « l’Europe doit dépenser maintenant davantage pour sa propre défense au lieu d’envisager des nouveaux quartiers généraux coûteux ou de rêver d’une armée européenne. » Et d’insister : « C’est la meilleure approche possible face à l’élection de Trump. »

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