Le coût du déploiement d’un militaire sur un théâtre extérieur a grimpé de 121% en 10 ans

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Afghanistan, Libye, Mali, Irak… Depuis 10 ans, les opérations extérieures (OPEX) menées par les forces françaises sont à la fois plus exigeantes et intenses – et donc plus coûteuses – que par le passé. Et cela se voit dans l’évolution de la composition des surcoûts liés à ces interventions. Du moins, c’est ce que souligne la Cour des comptes, dans son dernier rapport portant sur ce sujet.

« La place croissante des dépenses non proportionnelles à l’effectif engagé, telles que les dépenses relevant du soutien logistique aux opérations (carburants, munition, entretien des matériels, transports), traduit globalement l’intensification des opérations », peut-on lire dans ce document.

Ainsi, déployer un soldat sur un théâtre extérieur a augmenté de 121% en 10 ans. « En 2012-2015, l’engagement d’un militaire français en OPEX a représenté en moyenne 125.928€ de surcoût, contre 56 854€ en 2002-2005 », note le rapport.

Cette hausse importante n’est pas liée aux rémunérations dues aux militaires (solde et Indemnité pour sujétion de service à l’étranger), lesquelles n’ont augmenté que de 10%. Pour les magistrats de la rue Cambon, cette évolution s’explique par de « multiples facteurs, structurels. »

En effet, la part moyenne des dépenses de personnel dans les surcoûts OPEX est passée de 59% à 30% en 10 ans. Toutefois, observe la Cour des comptes, « on observe (…) que la décroissance des surcoûts de titre 2 [les salaires, ndlr] entre ces deux périodes (-22 % en euros constants) a été moins forte que celle des effectifs en opérations (-33 %). Ceci pourrait s’expliquer à la fois par la modification de la composition de l’effectif projeté, dans le sens d’une montée en grade, et par les revalorisations salariales, car l’ISSE et son supplément familial sont calculés sur la base de la solde. »

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Cette hausse de 121% du coût du déploiement d’un militaire en opex s’explique en partie par l’augmentation du coût d’entretien des matériels, dont la part est passée de 7 à 17%. « Le renchérissement de la maintenance s’explique à la fois par la forte usure liée aux conditions d’emploi éprouvantes des théâtres africains et à la surutilisation des matériels, par le vieillissement des matériels utilisés et par la mise en service de matériels neufs de nouvelle génération, plus coûteux à entretenir dans un premier
temps. »

Les transports, en raison de l’éloignement des théâtres d’intervention, orientent évidemment à la hausse les coûts de déploiement. « L’opération Serval a représenté à elle seule, en 2013, 60 % des surcoûts relatifs au transport stratégique, les plus élevés depuis 2001 », relève la Cour des comptes, qui cite également la consommation de munitions, notamment par « l’arme aérienne ».

Les frais de transport sont en partie liés aux dépenses d’externalisation [recours à des prestataires privés, ndlr], qui concernent aussi le soutien des forces sur les théâtres extérieurs. C’est notamment vrai pour l’opération Chammal, « qui se déroule dans des territoires où la concurrence est inexistante et où les coûts de prestation sont très élevés. »

Mais plus globalement, les dépenses de fonctionnement ont pratiquement doublé en 10 ans. L’État-major des armées (EMA) « ne dispose de données détaillées permettant d’expliquer cette évolution que depuis 2009. Trois facteurs principaux y ont contribué : le recours croissant à l’externalisation du soutien des forces, la numérisation progressive des théâtres d’opération, avec pour conséquence des coûts croissants de télécommunication, ainsi que l’accroissement des dépenses de soutien au stationnement, dans l’objectif d’améliorer la protection des personnels engagés dans les opérations », explique le rapport de la Cour des comptes.

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