La forte tension sur les effectifs du Service de santé des Armées compromet sa capacité à tenir dans la durée

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Le Service des essences des Armées (SEA) a dû être soulagé quand il a été décidé de réduire les effectifs militaires français engagés au Mali, en mars 2013. Alors que son format avait été réduit entre 2008 et 2012 pour « adapter ses ressources humaines au « besoin opérationnel », il n’aurait en effet pas été en mesure « de soutenir la relève pour Serval, sans la diminution des forces sur le théâtre et sans l’apport des moyens pétroliers de l’armée de Terre. » Voilà ce que l’on peut lire dans le rapport publié par la Cour des comptes au sujet des opérations extérieures de la France.

Globalement, le soutien aux armées a vu ses moyens amoindris alors qu’il lui a été demandé d’en faire toujours autant, si ce n’est plus. Tel est ainsi le cas du Service de Santé des Armées (SSA), dont l’activité est toujours ainsi intense en raison des engagements extérieurs de ces dernières années.

Signe de la dureté des opérations actuelles, le montant des dépenses liées aux soins apportés aux militaires blessés par les Hôpitaux d’instruction des armées (HIA) est passé de 5,3 millions en 2013 à 6,5 millions d’euros deux ans plus tard.

En outre, le SSA est fortement mobilisé pour intervenir sur les théâtres extérieurs, avec un taux de projection relativement importants de ses personnels, qu’ils soient médecins ou infirmiers.

« Le personnel des centres médicaux des armées (CMA) connaissent une très forte sujétion opérationnelle, reflétée par des taux de projection (en cumulé) de 33,8 % en moyenne en 2012-2015 », relève ainsi la Cour des comptes. Et 4 médecins des forces sur 5 ont été envoyés en opération « dans les deux ans suivant la fin de leurs études en 2013-14 », ce que le SSA voudrait pourtant éviter, en misant sur le rééquilibrage effectifs entre hôpitaux et médecine des forces ainsi que sur le recrutement de contractuels.

Les taux de projection varient d’une spécialité à une autre. Ainsi, note le rapport de la Cour des comptes, une « analyse fine de la sujétion opérationnelle du personnel militaire hospitalier fait apparaître que cette dernière porte plus particulièrement sur les chirurgiens orthopédiques et traumatologiques, les médecins anesthésistes-réanimateurs, les infirmiers spécialisés (de blocs opératoires et anesthésistes). » Et de préciser que « 17 % des chirurgiens orthopédiques ont ainsi été projetés en permanence en moyenne en 2011-2015, les taux de projection en cumulé ayant atteint 56 %
en 2013. »

Pour faire face à cette situation, le SSA a donc plus plusieurs mesures, dont le recours aux réservistes, la coopération avec les alliés et des incitations financières. Ces réponses ont « porté leurs fruits pour des spécialités hospitalières autrefois en déficit telles que la radiologie, l’anesthésie-réanimation ou la chirurgie viscérale », constate la Cour des comptes.

Reste que le SSA connaît une « forte tension » sur ses ressources humaines, laquelle pourrait « compromettre sa capacité à assurer sa mission dans la durée. »

En outre, l’envoi de chirurgiens en opérations extérieures fait que les blocs opératoires des hôpitaux militaires sont sous-utilisés, ce qui est partiellement pris en compte dans les surcoûts OPEX. Cela été le cas à hauteur de 6,5 millions en 2013, 8,5 millions en 2014 et à 7,9 millions en 2015. Seulement, ces montants seraient sous-évalués, du fait, explique le SSA, de « la non prise en compte d’autres catégories de personnel que les chirurgiens et des pertes de patientèle. »

Mais cette sollicitation du SSA fait qu’il n’a « pas la capacité d’armer intégralement simultanément les OPEX en cours et l’échelon national d’urgence (dans le cadre de la situation opérationnelle de référence) ou encore de mettre à disposition les capacités attendues dans l’hypothèse d’une intervention majeure. » Et cela vaut aussi pour les autres services de soutien comme le SEA.

Ainsi, alors qu’il a fourni, pour les opérations extérieures, un nombre d’équipes chirurgicales « souvent supérieur à celui nécessaire pour faire face à la composante ‘gestion de crise’ de la situation opérationnelle de référence », le SSA, affirme le rapport de la Cour des comptes, a obéré « son potentiel de soutien de la composante ‘échelon national d’urgence' », en ne disposant, en 2015, que de 4 équipes chirurgicales d’alerte au lieu de 5.

« Le SSA ne pourrait honorer à 100 % une intervention majeure sous 6 mois et pour une durée de 6 mois, pour des raisons liées aux délais de production des consommables et des matériels de santé nécessaires pour constituer de nouvelles unités médicales opérationnelles, ainsi qu’aux ressources humaines (déficit de chirurgiens orthopédistes, de pilotes d’engins sanitaires blindés) », prévient encore la Cour des comptes.

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