Le nombre de pods de désignation laser en service dans l’armée de l’Air est « délirant »

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Les aviateurs manquent de pods. C’est ce que l’on pouvait retenir de l’intervention du député Christophe Guilloteau, le rapporteur pour avis des crédits destinés à l’armée de l’Air, lors de l’examen du budget de la mission « Défense » en commission élargie, le 2 novembre dernier, à l’Assemblée nationale. À cette occasion, l’on avait notamment appris que seules 4 nacelles de désignation laser « Damocles » se trouvaient actuellement en France – les autres étant utilisées en opérations -, ce qui complique évidemment l’entraînement des équipages non encore « projetés » sur un théâtre extérieur.

Le rapport pour avis de M. Guilloteau donne des précisions sur cette situation, qualifiée de « délirante » par un « haut-gradé » de l’armée de l’Air. Pour rappel, ces pods (ou nacelles) permettent d’identifier des cibles et de les désigner à une munition guidée grâce à un faisceau laser. Trois types sont en service actuellement : l’ATLIS (Automatic Tracking and Laser Integration System), développé dans les années 1970, le PDLCT (Pod de désignation laser caméra thermique), de conception plus récente, et le Damocles, qui, étant le dernier à être entré en service, équipe exclusivement les Rafale.

Au total, précise le rapport de M. Guilloteau, l’armée de l’Air compterait une petite cinquantaine de pods de désignation laser. Or, en raison de leur ancienneté, ils n’offrent pas tous les mêmes capacités. Qui plus est, leur taux de disponibilité est de 55%, ce qui, avec l’intensité opérationnelle actuelle, est insuffisant. D’ailleurs, les 21 nacelles Damocles sont intensivement utilisées dans les opérations en cours.

« Les pods dont dispose l’armée de l’Air sont anciens, souffrent de la chaleur notamment, présentent une qualité d’optique perfectible. Ils sont par ailleurs hétérogènes, ce qui complique les flux logistiques en cas de panne », souligne M. Guilloteau dans son rapport.

En outre, les nacelles ATLIS et PDL-CTS, aux performances évidemment moindres par rapport aux pods Damocles, ne sont plus « aux exigences des théâtres modernes, en particulier au Levant », étant donné, explique le député, que « la qualité de l’image ne répond ainsi pas aux règles d’engagement actuelles, notamment en raison de l’absence de visualisation de la tâche laser. »

Qui plus est, l’âge des pods ATLIS et PDL-CTS rend leur maintenance plus compliquée, alors même que leur utilisation est intense et qu’ils sont mis en oeuvre dans des environnements particulièrement éprouvants.

Pour gérer la pénurie, un seul pod de désignation laser est utilisé par patrouille de deux avions. Seulement, observe M. Guilloteau, ce déficit en nacelles « contraint donc le choix de l’armement, voire la capacité d’engagement » et leur disponibilité est insuffisante « pour couvrir les besoins opérationnels de l’armée de l’air, dans le cadre des opérations Chammal et Barkhane, comme les besoins organiques. »

Et quand bien même cette disponibilité serait de 75%, la situation ne serait pas pour autant satisfaisante. « En faisant abstraction des défauts des pods d’ancienne génération, le parc de pods de désignation laser est insuffisant pour couvrir le besoin actuel, voire le besoin théorique au regard des contrats opérationnels les plus exigeants », insistre le député.

Cela étant, un nouveau pod de désignation laser, le Talios (TArgeting Long-range Identification Optronic System), est actuellement en cours de développement. Mais, prévient M. Guilloteau, « s’il n’est pas livré rapidement et en nombre suffisant, le risque de rupture capacitaire est avéré car les règles d’engagement actuelles exigent des moyens au niveau de précision très élevé. »

Photo : Configuration d’emport d’un Mirage 2000D de 3 Mk 82 Airburst, d’un PDLCTS et de bidons sous voilure (c) Bobdenard57, via Wikipedia

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