M. Le Drian : « Peut-être qu’il serait souhaitable d’avoir un deuxième porte-avions »

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À la mi-décembre, le porte-avions Charles de Gaulle, avec ses 24 Rafale à bord, quittera la Méditerranée orientale et donc le dispositif de l’opération Chammal. Par la suite, il sera indisponible pendant 18 mois en raison de son second arrêt technique majeur. Et l’on n’est pas certain que, d’ici là, les opérations visant à chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de ses bastions de Mossoul et de Raqqa soient terminées.

Invité de l’émission « Le Grand rendez-vous », diffusée par Europe1 et iTélé, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a justement été interrogé sur la nécessité pour les forces françaises de disposer d’un second porte-avions. La question n’est pas nouvelle : cela fait plus de 15 ans qu’elle est posée.

Alors qu’un rapport du sénateur André Boyer avait plaidé la cause d’un second porte-avions à la fin des années 1990, il fut décidé, dans le cadre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2003-2008 de renvoyer ce projet, alors connu sous le nom de PA2, à plus tard.

En 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle, estima que ce PA2 était une « évidence opérationnelle et politique ». Mais, une fois élu, cette évidence passa à la trappe. Et la question du second porte-avions fut renvoyé à la LPM 2014-2019… Laquelle l’écarta comme la précédente, y compris dans sa version actualisée.

« Nous n’avons qu’un seul porte-avions, c’est comme ça » , a donc répondu M. Le Drian. « En tant que ministre de la Défense, je prends les moyens qui sont à ma disposition », a-t-il ajouté.

Mais, a-t-il demandé, « peut-être qu’il serait souhaitable d’avoir un deuxième porte-avions ». Et de continuer : « Ce n’est pas dans la loi de programmation militaire actuelle. Peut-être que la question se posera quand on élaborera la loi de programmation militaire qui commencera en 2020.

Toutefois, M. Le Drian a souligné que « peu de pays disposent » d’une force aéronavale. « C’est déjà une très grande fierté que d’avoir un porte-avions opérationnel tel qu’il est aujourd’hui et qui mène des actions régulières. (…) Les Britanniques n’ont pas cette chance », a-t-il estimé. « Dans le monde, nous sommes peut deux, peut-être trois à avoir cette capacité », a-t-il ajouté.

Sauf que le Royaume-Uni est en train de construire deux navires de ce type (les HMS Queen Elizabeth et le HMS Prince of Wales) et qu’il y a bien plus de trois pays qui disposent d’une telle capacité, comme l’Inde, la Chine, la Russie et évidemment les États-Unis. Mais l’on pourrait aussi citer le Brésil, à qui le porte-avions Foch a été vendu en 2000. Et l’on ne parle pas des porte-aéronefs en service en Italie ou encore en Espagne.

S’agissant du porte-avions russe « Amiral Kouznetsov », M. Le Drian a ironisé sur ses capacités opérationnelles, lesquelles ne l’ont pas impressionné lors de son passage en Atlantique et en Méditerranée.

Quoi qu’il en soit, en novembre 2015, l’amiral Bernard Rogel, alors chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), avait vivement défendu la nécessité de disposer d’un second porte-avions.

« Il existe des situations où seul le porte-avions pourra agir, faute de pays alliés suffisamment proches ou d’accords suffisamment rapides pour y stationner des avions. (…) Il est un outil complémentaire de l’armée de l’Air, avec laquelle nous sommes aujourd’hui très proches. Simplement, nous avons besoin d’un outil de défense global pour tenir le rang d’une puissance mondiale », avait-il plaidé devant les sénateurs.

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