Pour le général Bosser, il ne faut pas faire du remplacement du FAMAS une question de souveraineté

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Pour la première fois de son histoire, le principal fusil d’assaut en dotation dans l’armée française sera d’origine étrangère, en l’occurence le HK-416 de l’armurier allemand Heckler&Koch.

Depuis la lancement de l’appel d’offres visant à remplacer le FAMAS, plusieurs voix ont déploré cette situation. Des députés, de gauche comme de droite, ont saisi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en soulignant que, « aussi loin que remonte l’histoire de nos armées, le fantassin français a toujours été équipé d’une arme fabriquée sur notre sol. »

Candidat à l’élection présidentielle et ardent défenseur du « made in France », Arnaud Montebourg, par ailleurs ancien ministre du Redressement productif, a également interpellé le ministère de la Défense, en soulignant la nécessité de « défendre nos industries » et d’avoir un « réflexe patriotique », surtout « lorsqu’il s’agit de défense nationale. »

Seulement, pour doter les forces françaises de fusils conçus en France, encore faudrait-il qu’il y ait encore des industriels français en mesure de les produire. Ce qui n’est plus le cas.

Mais pour le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le fait que le remplaçant du FAMAS ne soit pas fabriqué en France n’est pas un problème. Et il s’en est expliqué devant les sénateurs de la commission des Affaires étrangères et des Forces armées.

« Dans le combat moderne, il ne faut pas accorder trop d’importance au fusil en tant que marque de souveraineté. C’était vrai il y a cent ans, cela ne n’est plus aujourd’hui », a dit le CEMAT. « . L’environnement du soldat a tellement évolué qu’on ne peut faire du fusil une marque de souveraineté nationale, d’autant que 30 % du coût de l’AIF [arme individuelle du futur, ndlr] provient du canon. Il sera fabriqué en France, avec de l’acier français », a-t-il ajouté.

En effet, l’acier qui servira à fabriquer les HK-416 destinés à l’armée française sera fourni par les aciéries Aubert et Duval, lesquelles, a assuré M. Le Drian, seront « associées au processus de fabrication. »

En outre, comme il l’avait fait avec les députés, le général Bosser a justifié le remplacement du FAMAS par des raisons opérationnelles et économiques. Et ces dernières ont de quoi faire tousser…

« Le FAMAS est un très bon fusil, mais il a 40 ans d’emploi intense et coûte cher à l’entretien. On sous-traite le percuteur, qui représente 380 euros pour 3.000 coups de fusils. Avec 3 percuteurs, on peut acheter un HK-416. Va-t-on continuer à acheter des percuteurs ou acquérir des fusils neufs ? Une autre faiblesse de ce fusil réside dans les chargeurs. Avec six chargeurs FAMAS, on achète un HK-416 » a souligné le CEMAT. Au passage, l’on apprend que le fusil allemand coûterait donc 1.140 euros pièce…

« Il faut avoir une approche raisonnable à propos du FAMAS. Je sais que le made in France est un sujet extrêmement sensible et qu’on y est très attentif en matière d’équipement des armées. En l’occurrence, je ne peux décemment pas cautionner l’entretien du FAMAS, alors que ce modèle économique n’est pas pertinent et qu’il existe bien mieux aujourd’hui sur le marché pour équiper nos soldats », a encore insisté le général Bosser.

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