Après les Philippines, la Malaisie se tourne vers la Chine

malaisie-20161102Région stratégique de par sa position géographique qui en fait un carrefour du commerce maritime mondiale et de par ses réserves en hydrocarbures, la mer de Chine méridionale fait l’objet de contentieux territoriaux entre plusieurs pays riverains.

Parmi eux, la Chine a pris une longueur d’avance en aménageant, à des fins militaires, plusieurs îlots des archipel Spratleys et Paracels et en assurant sa mainmise sur le récif de Scarborough, jusque-là administré par les Philippines. D’où la procédure lancée par Manille devant la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye, laquelle a, en juillet, estimé que les prétentions chinoises dans cette partie du monde n’avaient « aucun fondement juridique ».

Mais cet avis de la CPA n’a eu aucune conséquence sur l’attitude de Pékin… Et, alors que les Phippines venaient de renforcer leurs liens militaires avec les États-Unis, l’élection de Rodrigo Duterte à la tête du pays a modifié la donne. En effet, ce dernier a opéré un revirement pro-chinois, ce qui laisse à penser que Manille a fait une croix sur le récif de Scarborough… même si Pékin ne voit apparemment plus d’inconvénients à laisser les pêcheurs philippins s’en approcher.

« Les relations entre la Chine et les Philippines se sont considérablement améliorée et dans ce contexte, la Chine a d’ores et déjà pris ses dispositions concernant certaines questions qui préoccupaient le président Duterte », a commenté, le 31 octobre, Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Mais il ne faut pas s’y tromper : « La partie chiniose a continuellement exercé son contôle normal sur l’île Huangyan [nom chinois du récif de Scarborough) et la situation n’a pas changé », a-t-elle aussi affirmé.

Après les Philippines, un autre pays ayant des prétentions en Mer de Chine méridionale, à savoir la Malaisie, vient de se ranger aux côtés de Pékin. Et cela alors que ce pays s’était doté de sous-marins Scorpène pour faire face aux ambitions territoriales chinoises.

En effet, à l’occasion d’une visite à Pékin de son Premier ministre, Najib Razak, la Malaisie a signé avec la Chine un accord de « coopération navale », portant notamment sur l’acquisition de quatre navires de patrouille côtière. « J’appelle cela une décision historique », a commenté le chef du gouvernement malaisien, qui n’exclut pas d’autres contrats de ce type à l’avenir.

En tout cas, c’est la première fois que Kuala Lumpur se tourne vers la Chine pour équiper ses forces armées. La décision concernant les patrouilleurs a été prise « en raison du rapport qualité-prix de l’offre chinoise », a expliqué Hishammuddin Hussein, le ministre malaisien de la Défense.

Quant aux questions territoriales, Najib Razak a affirmé qu’ils « doivent être gérés calmement et raisonnablement par le dialogue. » Est-ce à dire que la Chine est prête à négocier? Rien n’est moins sûr…

Ce rapprochement entre la Malaisie et la Chine s’explique en partie par les mauvaises relations de Najib Razak avec l’administration Obama, notamment à cause de son implication dans le scandale financier concernant le fonds public 1Malaysia Developement Berhars (1MDB), qu’il a crée en 2009.

En juillet, le département américain de la Justice a fait saisir 1 milliards de dollars d’avoirs acquis avec de l’argent détourné de ce fonds par des proches de Najib Razak. Dans le même temps, la Chine, via la China General Nuclear Power Corporation, a racheté les actifs de 1MDB dans l’énergie pour 2,3 milliards de dollars.

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