Caracal/Pologne : Nouvelles tensions diplomatiques entre Paris et Varsovie

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La rupture des négociations entre Airbus Helicopters et le gouvernement (conservateur) polonais sur la livraison de 50 hélicoptères H225M Caracal n’en finit pas de faire des vagues.

Pour rappel, quand il était dans l’opposition, le parti « Droit et Justice » (PiS) avait contesté le choix du gouvernement de centre-droit dirigé par Mme Ewa Kopacz en faveur du Caracal, probablement pour des raisons électoralistes, les usines des concurrents d’Airbus Helicopters, à savoir Sikorsky et AgustaWestland étant situées dans des circonscription qui lui sont acquises.

Arrivé au pouvoir à la faveur des élections législatives organisées en octobre 2015, le PiS a soufflé le chaud et le froid sur les négociations en cours avec Airbus Helicopters avant donc d’y mettre un terme, au motif que les compensations industrielles – pourtant avantageuses – consenties par l’industriel de Marignane étaient insuffisantes. Et cela, alors le Caracal avait donné pleinement satisfaction lors de ses évaluations par l’armée polonaise.

Cette décision du gouvernement polonais a donné lieu à une grosse colère du patron d’Airbus, Tom Enders, lequel a estimé « avoir été mené en bateau pendant des mois » avant d’évoquer une « demande de réparation ».

Qui plus est, peu après avoir rompu les discussions avec Airbus Helicopters, le gouvernement polonais a annoncé son intention de commander 21 hélicoptères S-70 Black Hawk auprès de Sikorsky pour les besoins des forces spéciales. Cependant, Varsovie a lancé une nouvelle procédure afin d’acquérir d’autres d’appareils pour un montant estimé à 231 millions d’euros.

On en était là quand le parquet polonais a annoncé, le 28 octobre, l’ouverture d’une enquête sur l’appel d’offres remporté par Airbus Helicopters en avril 2015. Selon le procureur national, Bogdan Swieczkowski, les investigations porteront « sur l’ensemble des procédures d’achat des hélicoptères Caracal, sur les négociations, la signature du contrat et ensuite l’abandon par la partie française de ses engagements » au sujet des compensations industrielles. Et cela sous-entend qu’il y ait eu des malversations… Bref, la méthode est habile pour discréditer à la fois la précédente majorité et Airbus Helicopters…

Cela étant, cette affaire a jeté un froid dans les relations franco-polonaises, le président Hollande ayant annulé, début octobre, un déplacement qu’il devait faire à Varsovie. Et les derniers développements ne plaident pas en faveur d’une réconciliation.

Début novembre, un sommet du Triangle de Weimar (qui réunit la France, la Pologne et l’Allemagne) devait se tenir à Paris. « Devait » car, selon le président polonais Andrzej Duda, il a été annulé. « C’est la France qui a pris cette décision », a-t-il dit. « Tout cela était à cause d’un problème d’argent (…) Mais nous voulons montrer aux Français que sur le plan politique nous voulons marcher avec la France ‘main dans la main' », a-t-il ajouté.

Photo : (c) Airbus Helicopters

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