Les milices chiites irakiennes vont lancer une offensive à l’ouest de Mossoul

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Au début de l’offensive visant à chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de Mossoul, le gouvernement irakien s’est montré clair : pas question d’une quelconque participation des milices chiites – en particulier les Unités de mobilisation populaire (Hachd Chaabi) – aux opérations.

Au moins trois raisons expliquent cette mise à l’écart. L’une d’elles est que la population de Mossoul étant majoritairement sunnite, la présence de ces milices chiites seraient source de tensions… Ce qu’illustrent les propos du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour qui l’offensive doit être menée « uniquement par ceux qui ont des liens ethniques et religieux avec la ville, et non pas par les milices chiites ou rebelles kurdes du YPG ».

Un autre découle de la précédente : ces milices chiites, soutenues par l’Iran, ne sont pas réputées pour leur retenue. Plusieurs rapports des Nations unies ont en effet pointé leur responsabilité dans des exactions commises lors d’opérations précédentes, comme à Tikrit.

«  »Elles ont soumis les Arabes sunnites qui ont fui des territoires contrôlés par l’EI à des détentions arbitraires, des tortures, des disparitions forcés et des exécutions extrajudiciaires après les avoir capturés ou placés en détention, le plus récemment lors des principales opérations militaires de 2016, à savoir dans le contexte des batailles pour reprendre Fallouja et les secteurs alentours du gouvernorat d’Anbar en mai-juin 2016, des affrontements pour déloger l’EI d’Al Chirkat, dans le gouvernorat de Salah al-Din entre juin et fin septembre 2016, et du conflit en cours à Haouidja, dans le gouvernorat de Kirkouk, et à Mossoul et les secteurs alentours du gouvernorat de Ninive », a détaillé l’ONG Amnesty International, dans un récent rapport.

Enfin, comme l’opération est appuyée par la coalition internationale dirigée par les États-Unis, il serait malvenu que des avions américains soient sollicités pour des frappes au profit de milices qui prennent leurs ordres à Téhéran…

Quoi qu’il en soit, les Hachd Chaabi n’ont apparemment pas l’intention de rester l’arme au pied. Ce 27 octobre, elles ont annoncé leur intention de lancer une offensive pour chasser l’EI de la ville de Tal Afar, à l’ouest de Mossoul.

« Les Hachd Chaabi, ou Forces de mobilisation populaire, ont terminé leurs préparatifs dans la ville de Kayyara, au sud de Mossoul, et vont se mettre en marche dans les prochains jours », a en effet déclaré Ahmed al Assadi, leur porte-parole.

A priori, Tal Afar présenterait moins de risques de tension inter-communautaires dans la mesure où cette ville était autrefois connue pour sa mixité religieuse et éthnique. Seulement, quand l’EI en a pris le contrôle, les chiites ont pris le chemin de l’exil.

D’un point de vue militaire, la prise de Tal Afar permettrait de compliquer un peu plus un éventuel repli des jihadistes vers la Syrie, étant donné que cette localité est située entre Sinjar et Mossoul.

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