Ankara ne s’interdit pas de lancer une opération terrestre dans le nord de l’Irak

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Après avoir lancé l’opération terrestre « Bouclier de l’Euphrate » dans le nord de la Syrie afin d’y chasser l’État islamique (EI ou Daesh) et d’empêcher les kurdes syriens de disposer d’une continuité territoriale le long de sa frontière, la Turquie envisagerait d’en faire de même dans le nord de l’Irak.

« S’il y a une menace contre la Turquie, nous utiliserons tous nos moyens, y compris une opération terrestre (…) pour éliminer cette menace », a en effet affirmé Mevlüt Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, alors qu’il était interrogé par la chaîne de télévision Kanal 24 au sujet d’une éventuelle opération militaire turque depuis la base de Bachiqa, dans le nord de l’Irak, où 2.000 soldats turcs, environ, sont déployés. « C’est notre le plus naturel », a-t-il ajouté.

Estimant que la présence de l’EI dans le nord de l’Irak est une menace, la Turquie insiste pour prendre part à l’opération visant à libérer Mossoul de l’emprise jihadiste. Ce que Bagdad a jusqu’à présent toujours refusé.

Il faut dire que la position d’Ankara n’est pas sans arrière-pensée étant donné que, pour menacer la frontière turque depuis le nord de l’Irak, il faudrait que l’EI soit en mesure de s’emparer de territoires actuellement contrôlés par les troupes de la région autonome du Kurdistan irakien, région avec laquelle le gouvernement turc entretient de bonnes relations.

Mais cette insistance à participer à la reconquête de Mossoul répond sans doute à une autre motivation : cette ville a appartenu à l’Empire ottoman jusqu’en 1918. Et, par conséquent, Ankara estime y avoir un droit de regard. D’où les propos du président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour qui il importe que l’offensive en cours contre l’EI soit menée par des combattants ayant des « liens ethniques et religieux » avec Mossoul et « non pas par les milices chiites ou rebelles kurdes du YPG. »

Une autre raison qui motiverait une opération terrestre turque est la possible consolidation des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla contre Ankara depuis les années 1980, dans le nord de l’Irak, en particulier dans la région de Sinjar. D’ailleurs, l’armée turque bombarde régulièrement les positions du PKK dans les monts Kandil, à la frontière avec la Turquie et elle y a même mené des opérations terrestres ponctuelles.

« Si, à Sinjar ou dans d’autres régions (irakiennes), la menace de l’EI, se renforce, alors nous utiliserons toute notre force », a affirmé M. Cavusoglu, dans une allusion à l’oparation « Bouclier de l’Euphrate ». Pour rappel, la Turquie ne fit rien quand les jihadistes s’emparèrent de cette localité, en 2014, en massacrant les Yézidis et les chrétiens.

Quoi qu’il en soit, pour les autorités irakiennes, la présence militaire turque à Bachiqa est en soi un gros problème. Au point qu’elles en ont saisi le Conseil de sécurité des Nations unies en évoquant le risque d’une « guerre régionale ». En outre, pour ne rien arranger, la Turquie soutient la « Garde de Ninive », une formation d’au maximum 2.000 combattants sunnites, commandés par Atheel Nujaifi, l’ancien gouverneur de Mossoul qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour avoir facilité la progression des jihadistes en 2014.

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