Coup de sang du ministre de la Défense au sujet de l’indisponibilité des hélicoptères et de l’Atlantique 2

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La situation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 est toujours préoccupante. Alors qu’ils sont sollicités pour des missions de renseignement au Sahel et au Levant (opérations Barkhane et Chammal), ces appareils sont aussi essentiels à la dissuasion nucléaire, en asurant la sécurité des approches de la base de l’Île-Longue, qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (Fost).

Or, les mois passent et le constat est toujours le même : le taux de disponibilité de ces avions est bas (25% seulement en juin 2015), en raison notamment d’un manque de pièces détachées, et la « rénovation » de 15 exemplaires (sur les 27 en dotation), confiée à l’Atelier industriel de l’aéronautique de Cuers-Pierrefeu, se trouve en grande difficulté.

« La charge de travail est très importante, à la fois sur l’électronique et la cellule de l’aéronef, qui est complexe : le système de combat doit être revu de fond en comble et nous sommes peut-être allés un peu loin dans ce qui a été demandé à l’établissement [de Cuers] », expliquait ainsi, en octobre 2015, Laurent Collet-Billon, le Délégué général à l’armement (DGA).

Et, visiblement, cela a fini par agacer Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Et il ne s’est pas privé d’en faire part lors de son audition devant les députés de la commission de la Défense, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances 2017.

« S’agissant de la rénovation des Atlantique 2, je suis très mécontent de la situation. La modernisation de l’entretien de ces aéronefs, engagée depuis plusieurs années, n’est pas satisfaisante. J’ai demandé une accélération en 2016, constatant certaines difficultés dans le fonctionnement global de la chaîne de rénovation », a dit M. Le Drian.

« Je me rendrai sur place afin de mesurer l’état d’avancement de ce plan d’amélioration que j’avais mis en place après avoir déjà constaté des insuffisances. Je prendrai d’autres dispositions s’il le faut. Je suis d’autant plus mécontent, je dois le dire, que l’ATL2 est un outil qui nous est indispensable au plan opérationnel en ce moment », a ajouté le ministre.

Mais la question des avions des patrouille maritime n’est pas la seule à agacer M. Le Drian. Celle du maintien en condition opérationnelle des hélicoptères également (a priori, celui des NH-90 car il a faut part des mêmes interrogations à son sujet).

Pour ce qui est des hélicoptères, « j’ai lancé un plan comprenant plusieurs mesures » qui « portent principalement sur les modalités de gestions des stocks et sur le changement des règles de consommation des pièces », a d’abord fait valoir le ministre. Mais, s’est-il insurgé, « nous devons mettre fin à certaines situations ubuesques ».

« Pensez que lorsqu’un hélicoptère sort de sa visite, son potentiel est déjà consommé de plusieurs mois. On marche sur la tête! », a lancé M. Le Drian. « Je peux vous assurer de ma très grande vigilance qui débouchera peut-être par quelques interventions dérangeantes, qui auront des répercussions. Je ne peux accepter cette situation pour les hélicoptères ni pour les ATL2, d’autant qu’il s’agit souvent plus d’une question d’organisation que de budget », a-t-il assuré.

Et de promettre quelques adaptations qui ne plairont pas forcément à tout le monde : « Cela implique de procéder à une petite révolution culturelle. Ces changements peuvent donc faire quelques vagues. Il n’est pas acceptable que nous soyons contraints par ces limites matérielles alors que nous disposons en théorie du nombre d’appareils suffisant » car « c’est la chaîne d’organisation qui pêche. »

Devant la même commission, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Bosser, a aussi fait part de sa préoccupation au sujet de la disponilité des hélicoptères de l’ALAT et dit vouloir revoir les contrats avec les industriels. « Est-ce que ces contrats prennent suffisamment en compte les retards que peut générer le passage d’un de nos hélicoptères dans leurs entreprises ? Lorsque l’immobilisation passe de six à neuf, voire à douze semaines, que prévoir? », s’est-il interrogé.

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