Pour l’état-major russe, la reconquête de Mossoul ne doit pas « chasser » les jihadistes d’Irak vers la Syrie

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Sans doute irrité par les accusations de « crimes de guerre » adressées à à l’aviation russe pour son action à Alep-Est (Syrie), le président Vladimir Poutine a estimé, le 16 octobre, que la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) devait éviter « toute victime civile » au cours de l’opération visant à reconquérir Mossoul (Irak), qui était alors imminente.

« Nous espérons que nos partenaires américains, et en l’occurence nos partenaires français aussi, agiront avec précision et feront tout pour minimiser, ou encore mieux, exclure toute victime parmi la population civile » lors de cette offensive, a en effet déclaré M. Poutine. Et d’ajouter : « Nous n’allons pas attiser l’hystérie sur ce sujet, comme le font nos partenaires occidentaux, parce que nous comprenons que nous avons besoin de combattre le terrorisme et que pour cela, il n’y a pas d’autres moyens que les combats offensifs. »

Puis, maintenant que l’opération pour reprendre Mossoul (Operation Conquest ou Fatah) est effectivement lancée, le chef d’état-major russe, le général Valeri Guerassimov, y est allé de son petit couplet. Pas pour demander d’éviter les victimes civiles mais pour exiger que les combattants de Daesh n’aille se réfugier en Syrie.

« Nous espérons que nos partenaires de la coalition internationale ont conscience de ce qu’il peut advenir de ces groupes armés de l’État islamique en déroute », a-t-il déclaré, ce 19 octobre. « Il ne faut pas chasser les terroristes d’un pays à l’autre, mais les détruire sur place », a-t-il ajouté.

En outre, le général Guerassimov a indiqué que les satellites militaires russes surveillent les opérations à Mossoul, ainsi qu’une dizaine « d’aéronefs ». « Malgré le tapage des télévisions occidentales, il faut comprendre qu’en réalité l’offensive n’a pas encore commencé », a-t-il affirmé, avant de faire état de « tirs d’artillerie » et de « concentrations d’unités » à la périphérie de la ville.

Cela étant, les forces russes présentes en Syrie ciblent principalement une autre formation jihadiste, à savoir le Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra). Et pour cause : l’État islamique est absent des zones qu’elles bombardent. Si les combattants de Daesh doivent fuir en Syrie, alors ils se dirigeront vers Raqqa, l’autre bastion de l’organisation terroriste. Et ce dernier sera le prochain objectif de la coalition, comme l’a souligné Manuel Valls, le Premier ministre français, lors d’un débat (sans vote) sur les opérations extérieures au Parlement.

« Mossoul est une première étape très difficile. Et la tâche ne sera pas achevée. Il faudra ensuite, en Syrie, appuyer les forces insurgées – celles qui combattent à la fois contre le régime de Bachar el-Assad et contre Daech. Je pense en particulier aux Kurdes », a affirmé le chef du gouvernement.

« Il faudra, aussi, à condition qu’il y ait une volonté, tenter de reconquérir Raqqa, cette pseudo-capitale de l’État islamique, d’où partent aussi les ordres visant à frapper l’Europe », a-t-il continué.

Quoi qu’il en soit, l’estimation du nombre de jihadistes de Daesh à Mossoul a été affinée. Avant le début de l’offensive, leur nombre était évalué entre 4.000 et 8.000. Or, selon le général Talib Chaghati, commandant des Forces spéciales irakiennes, il serait de l’ordre de 5.000 à 6.000 combattants.

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