L’État s’opposera à la reprise des chantiers navals de Saint-Nazaire par un groupe chinois

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Le chantier naval STX France, implanté à Saint-Nazaire, ne fait pas que construire des paquebots géants : il est aussi sollicité pour la fabrication de grosses coques destinées aux navires militaires, comme les Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de la classe Mistral ou bien encore les porte-avions.

Seulement, les deux tiers du capital de STX France sont dans les mains du groupe sud-coréen STX Offshore and Shipbuilding, qui se trouve en grande difficulté après des erreurs de gestion, le reste (33%) appartenant à l’État français.

En mai, STX Offshore and Shipbuilding a demandé son placement en redressement judiciaire. Et donc, la question d’un repreneur pour STX France, la seule filiale en forme du groupe, est désormais posée. Et le chantier naval de Saint-Nazaire semble intéresser du monde, dont le chinois Genting Hong Kong….

« Si un repreneur était un groupe chinois présent dans le naval de défense, un problème se poserait. Nous serons donc vigilants », a prévenudans les colonnes du Figaro (édition du 17 octobre), Hervé Guillou, le Pdg de DCNS. Pour autant, ce dernier exclut toute prise de contrôle de STX France. « Nous ne sommes pas un grand acteur de la croisière », a-t-il justifié, avant de préciser qu’il ne serait pas opposé à une prise de participation minoritaire au capital du chantier naval de Saint-Nazaire.

Ce dossier est primordial dans la mesure où il s’agit, pour la France, de garder la capacité à construire des porte-avions et, plus largement, des navires militaires à fort tonnage. D’où les préoccupations du député (LR) Jean-Lamour. « Le devenir du chantier naval de Saint-Nazaire ne met pas seulement en jeu notre industrie navale civile. Il touche aussi à notre industrie navale de défense et donc à la souveraineté de la France », a-t-il souligné lors des questions d’actualité, ce 18 octobre, à l’Assemblée nationale.

Or, difficulté supplémentaire, le tribunal sud-coréen chargé de liquider STX Offshore and Shipbuilding envisage de vendre les actifs du groupe en bloc, c’est à dire avec STX France. La décision pourrait être prise d’ici quelques jours et les banques créancières seront convoquées le 11 novembre afin de donner leur feu vert à ce plan.

Cela étant, pour le gouvernement français, il n’est absolument pas question que le chantier naval de Saint-Nazaire soit repris par n’importe qui…. Pour cela, il dispose de deux « armes », comme l’a rappelé Michel Sapin, le ministre de l’Économie et des Finances. « La première est que nous avons un pacte d’actionnaires (…). L’État a aujourd’hui la capacité de s’opposer à la prise de participation d’actionnaires qui paraîtraient mauvais pour la continuité économique et sociale de cette entreprise », a-t-il dit.

Quand à la seconde « arme », il s’agit du décret « Alstom », qui, adopté en 2014, permet au gouvernement d’interdire la vente d’une entreprise française à un groupe étranger si cela elle est de nature à nuire aux intérêts stratégiques de la France. Aussi, M. Sapin a fait valoir que l’État a « la capacité de défendre les intérêts fondamentaux et stratégiques de la France en refusant qu’un actionnaire risquant de remettre en cause notre indépendance devienne propriétaire d’un grand chantier » comme celui de Saint-Nazaire.

Étant donné que l’État a exclu de reprendre STX France (et ce serait d’ailleurs compliqué avec la procédure qu’entend suivre le tribunal de commerce sud-coréen), deux industriels européens seraient « acceptables » : le néerlandais Damen (avec qui DCNS est en concurrence sur le marché des frégates et des corvettes) et l’italien Fincantieri. Mais ce dernier, avec lequel il existe des « synergie » avec le constructeur français, s’est allié avec le groupe chinois China State Shipbuilding Corporation (CSSC), pour produire des paquebots en Chine… D’où l’inquiétude des syndicats.

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