Somalie : Le contingent éthiopien de l’AMISOM laisse le champ libre aux jihadistes

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En juin, l’Union africaine a dit envisager de mettre un terme à sa mission militaire en Somalie (AMISOM) en octobre 2018, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies venait de prolonger d’un an le mandat de cette dernière.

Déployée depuis 2007 en Somalie, l’AMISOM est chargé d’appuyer le gouvernement central somalien, de rétablir la sécurité dans le pays, notamment en réduisant la menace des Shebab, c’est à dire des milices jihadistes liées à al-Qaïda. Pour cela, elle peut compter sur 22.000 soldats, essentiellement fournis le Kenya, l’Ouganda, l’Éthiopie et le Burundi.

Cependant, si elle contrôle les principaux centres urbains en Somalie, l’AMISOM ne peut que laisser le champ libre aux Shebab dans les zones rurales, à partir desquelles ces milices jihadistes lancent des opérations de guérilla et préparent des attentats visant le plus souvent Mogadiscio, la capitale. Ce qui fait que la situation sécuritaire demeure encore fragile et dangereuse.

En outre, certains pays contributeurs donnent des signes de lassitude, au point de menacer de retirer leurs troupes, comme c’est le cas du Kenya et de l’Ouganda, ces derniers ayant en effet subi de lourdes pertes face aux Shebab alors que leurs moyens militaires sont comptés.

Qu’adviendra-t-il de la Somalie si jamais la présence de l’AMISOM se termine dans deux ans? Pour avoir une idée de la réponse, il suffit de constater ce qu’il s’est passé après le retrait, cette semaine, d’un contingent éthiopien de la ville d’El-Ali, située dans la région d’Hiran (centre du pays).

Ainsi, le 11 octobre, après une attaque des Shebab à coups d’obus de mortiers contre leur base, ce contigent éthiopien a plié bagages, sans donner la moindre explication, avant de prendre la direction de Beledweyne, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec l’Éthiopie. Et les jihadistes ont immédiatement pris le contrôle du centre de la ville d’El-Ali.

Il s’agit de la seconde localité somalienne abandonnée, sans explication, par les troupes éthiopiennes en l’espace de quelques semaines, la première ayant été Moqokori, située à 150 km au sud-est de Beledweyne. La situation politique en Éthiopie, où l’état d’urgence vient d’être décrété à cause d’un mouvement de contestation anti-gouvernemental, pourrait en être la raison.

« Ils continuent à créer du vide et à laisser l’opportunité aux militants (Shebab) de reprendre les villes libérées », a déploré Abdirisak Moalim Ahmed, un responsable sécuritaire régional, au sujet de ces retraits de l’armée éthiopienne, qui comptait il y a encore peu environ 4.400 soldats en Somalie.

L’Éthiopie était déjà intervenue militairement en Somalie en décembre 2006, afin, à l’époque, d’y contrer l’avancée l’Union des Tribunaux islamiques. Puis, devant les difficultés, elle avait mis un terme à son intervention trois ans plus tard, l’AMISOM ayant pris le relai.

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