Le nombre de combattants de l’ex-Front al-Nosra présents à Alep-Est reste difficile à évaluer

rebelle-20150708

Il y aurait environ 9.000 combattants de groupes rebelles syriens retranchés dans la partie orientale de la ville d’Alep, soumise à des bombardements intensifs menés par les forces aériennes russes et syrienne.

Et il est bien compliqué de s’y retrouver parmi les différentes factions armées impliquées dans les combant état donné que, même si elles ont des objectifs parfois divergents et ne partagent pas la même idéologie, elles sont amenés à coopérer face aux forces de Bachar el-Assad.

Ainsi, à Alep-Est, l’on trouve les rebelles modérés du Fatah Halab, qui compte dans ses rangs des brigades de l’Armée syrienne libre (ASL), les salafistes et autres islamistes de la coalition Jaïch Al-Fatah (« Armée de la conquête ») et des jihadistes du Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), groupe qui a récemment rompu avec al-Qaïda (du moins en apparence) afin de se donner des airs plus « respectables ». À noter que l’État islamique (EI ou Daesh) y est totalement absent.

Après avoir prétendument rompu ses liens avec al-Qaïda, le Fateh al-Cham a lancé une contre-offensive, en août dernier, pour briser brièvement le siège d’Alep-Est, alors imposé par les forces loyalistes syriennes. Ce qui lui a ainsi permis de renforcer sa présence dans les quartiers rebelles de la ville.

Exclus des éphémère accords de cessez-le-feu conclus sous l’égide de Washington et de Moscou, tout comme l’EI, le Fateh al-Cham a continué d’être la cible de frappes russes et américaines. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la dernière trève, obtenue le 9 septembre, a volé en éclats au bout d’une semaine.

Ainsi, pour Moscou, les opérations aériennes en cours à Alep-Est se justifient, en partie, par la présence de l’ex-Front al-Nosra. Seulement, le nombre de jihadistes parmi les rebelles qui tiennent la partie orientale de la ville est difficile à évaluer.

Selon les Nations unies, il y aurait, « au maximum », environ 900 combattants du Fateh al-Cham à Alep-Est. Ce nombre a été donné la semaine passée par Staffan de Mistura, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie. Ce dernier a d’ailleurs prié les forces pro-gouvernementales de ne pas utiliser cet « alibi facile » pour détruire ce qu’il reste des quartiers rebelles.

En outre, M. de Mistura s’est même dit prêt à escorter les jihadistes hors de la ville afin de faire cesser les bombardements. « Si vous décidez de partir en dignité et avec vos armes, je suis personnellement prêt à vous accompagner » leur a-t-il dit. Une proposition qui aurait été favorablement accueillie par Moscou.

Cependant, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le 25 septembre, M. de Mistura avait estimé que la moitié des insurgés d’Alep-Est faisaient partie du Fateh al-Cham. Depuis, il a donc révisé drastiquement à la baisse son évaluation, sa dernière étant, a-t-il assuré, « relativement fiable ».

Mais tel n’est pas l’avis de plusieurs sources diplomatiques. D’après Reuters, des diplomates estiment en effet qu’il y aurait, au plus, 200 combattants du Fateh al-Cham à Alep-Est.

Une source diplomatique française s’est montrée plus prudente. « Les Russes disent qu’ils veulent parler du plan De Mistura qui est de faire sortir les combattants (jihadistes) d’Alep. On est un peu dubitatifs. De Mistura a parlé de 900 combattants du Fateh al-Cham, nos estimations sont plus basses », a-t-elle confié.

Effectivement, si les Russes sont favorables à l’option proposée par l’émissaire des Nations unies, l’évaluation exacte du nombre de combattants du Fateh al-Cham est primordiale : s’il en sort seulement 200 alors qu’il en était attendu le double, par exemple, alors cela nourrira une certaine suspicion, qui, à son tour, justifiera la poursuite des bombardements d’Alep-Est.

« Un tel plan [celui de M. de Mistura, ndlr] n’a de sens que si le nombre de combattants du Fateh al-Cham correctement évalué. Dans le cas contraire les rebelles modérés se retrouveraient dans la situation absurde de devoir choisir dans leurs propres rangs des combattants à évacuer », a ainsi fait valoir une source diplomatique occidentale citée par Reuters.

« Si les combattants d’al-Nosra sont 900, 900 devront partir. S’ils sont moins, ils seront moins à partir (…) L’important, c’est que tous les combattants d’al-Nosra quittent la ville et que les autres puissent rester s’ils le souhaitent », a cependant afffirmé l’émissaire de l’ONU.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]