Un rapport de l’ONU doute de la plupart des accusations d’abus lancées contre les Casques bleus

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Depuis le lancement de l’opération Sangaris, plusieurs militaires français ont été accusés d’avoir commis des abus sexuels en Centrafrique. Et, systèmatiquement, dans ce genre d’affaire, le ministère de la Défense ouvre une enquête et transmet le dossier à la justice.

Par ailleurs, plusieurs cas de même nature impliquant des soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA), ont aussi été rapportés, ce qui a motivé plusieurs mesures pour mettre un terme à ce phénomène.

« Une police militaire sera déployée pour contrôler le comportement des troupes et la collaboration sera renforcée avec les pays d’origine des soldats incriminés afin qu’ils paient de leurs crimes devant leurs juridictions nationales », avait ainsi annoncé, en février, Parfait Onanga-Anyanga, le chef de la MINUSCA.

Cela étant, les accusations – nombreuses – d’abus sexuels portés contre les soldats de la MINUSCA et ceux de Sangaris, ne seraient pas toutes fondées. C’est, du moins, ce qu’affirme un rapport d’étape de Mercedes Gervilla, qui dirige le groupe de la déontologie et de la discipline de l’ONU.

Ce rapport, remis aà Atul Khare, le secrétaire général adjoint de l’Onu en charge de l’appui aux missions, s’est intéressé à plus de 150 accusations lancées contre des soldats burundais et gabonais de la MINUSCA et portant sur des faits commis entre 2013 et 2016. Ainsi, selon l’agence Reuters, qui a pu le consulter, « 50% » des accusations « ne sont pas étayées par des preuves et seules 20% présentent des preuves incontestables ». Quant au 30% de cas restants, ils « présentent des éléments de preuve ne pouvant être corroborés ».

Toujours d’après la même source, les preuves « incontestables » concernent seulement des cas d’exploitation sexuelle, les cas d’abus n’ayant pas pu être étayés.

Toutefois, que les choses soient claires : cela ne veut pas dire qu’il n’y ait eu aucun abus de commis… Cependant, et c’est ce qui expliquerait l’ampleur du phénomène en Centrafrique, les enquêteurs ont constaté que de nombreux témoignages étaient « quasiment identiques », ce qui suggère que les victimes présumés semblaient avoir « mémorisé un script ».

Mais ce n’est pas tout : le rapport accuse une ONG locale travaillant pour l’UNICEF d’avoir mis en place une « incitation financière à des individus pour que ces derniers se présentent comme des victimes » ainsi qu’un humanitaire qui aurait incité des plaignants à déposer de fausses plaintes pour ensuite extorquer de l’argent aux « victimes. »

Une porte-parole de l’UNICEF, Marixie Mercado, sollicitée par Reuters, a expliqué que le versement d’argent aux victimes présumées d’abus sexuels est un « mécanisme de routine » étant donné que les personnes concernées sont souvent « vulnérables ».

Quant au manque de détails dans les témoignages, Mme Mercado a fait valoir que l’UNICEF « n’a pas pour rôle de déterminer si une personne qui se présente comme une victime a en effet été maltraitée ou exploitée sexuellement ». Et d’ajouter : « Notre rôle est de soutenir les enfants et de s’assurer qu’ils soient interrogés d’une manière qui les protège » avant de transmettre les informations à des enquêteurs de l’ONU. » C’est à ces derniers, a-t-elle continué, que revient la décision d’approfondir les investigations.

S’agissant plus particulièrement des accusations d’abus portées contres des militaires de Sangaris, trois enquêtes judiciaires sont actuellement en cours. Et, pour le moment, aucun soldat n’a été mis en examen.

En avril, des militaires français avaient été mis en cause par trois jeunes filles, qui affirmèrent avoir eu, sous la contrainte, une relation filmée avec un chien.

Or, à l’époque, un membre de l’entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait expliqué que, dans le cadre de l’enquête menée au sujet de cette affaire, il avait été découvert que la vidéo en question « se transmettait de portable à portable », qu’aucun militaire français n’y apparaissait et qu’elle n’avait même pas été tournée en Centrafrique.

Quoi qu’il en soit, si les conclusions du rapport d’étape du bureau des services de contrôle interne de l’ONU (OIOS) sont « avérées », alors « c’est extrêmement grave, ça confirme la nécessité d’une communication extrêmement prudente et soucieuse de la présomption d’innocence », juge-t-on au ministère de la Défense. Et d’ajouter : « Si des accusations calomnieuses ou des manipulations sont avérées, la question de poursuites pénales se posera. »

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