Au moins 90 membres des forces de sécurité afghanes tués dans des embuscades dans le Helmand

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Quinze ans après le début de l’intervention militaire américaine et la chute du régime taleb, la situation sécuritaire demeure très incertaine en Afghanistan. C’est notamment le cas dans la province de Kunduz (nord) et dans celle du Helmand (sud), où les forces de sécurité afghanes éprouvent des difficultés à contenir les assauts des taliban.

La ville de Kunduz [capitale de la province du même nom, ndlr] est, comme en septembre 2015, la cible d’une offensive majeure lancée par les insurgés le 3 octobre dernier. Contrairement aux déclarations du gouvernement afghan, qui avait assuré que la situation était sous contrôle le soir même, les combats se sont éternisés pendant près d’une semaine, ce qui a contraint à des milliers de civils à fuir vers Taloqan (Takhar), Mazar-è-Charif (Balkh) et Pul-e-Khumri (Baghlan) ainsi que Kaboul.

« L’ennemi a pris position dans les maisons et utilise les civils comme boucliers humains ce qui complique nos opérations. Nous devons agir prudemment pour éviter de faire des victimes », a fini par admettre le ministère afghan de la Défense.

Quoi qu’il en soit, la députée Fatema Aziz, a dénoncé un échec des autorités afghanes. « Kunduz est une tragédie parce que le gouvernement n’a pas réussi à empêcher les talibans de prendre la ville », a-t-elle accusé, le 9 octobre.

Outre Kunduz, la situation le Helmand est tout aussi préoccupante, en particulier dans les environs immédiats de Lashkar Gah, la capitale provinciale. Là, et depuis cet été, les troupes afghanes sont mises sous une pression constante exercée par des taliban qui, mieux équipés que par le passé, utilisent de nouvelles tactiques de combat qui reposent sur une unité de 300 à 400 commandos, appelée « Sara Khitta » (Groupe Rouge).

Le 10 octobre, les insurgés ont conduit une offensive éclair contre Lashkar Gah, obligeant l’armée nationale afghane (ANA) à y déployer en urgence environ 300 membres de ses forces spéciales et l’aviation américaine à y effectuer plusieurs frappes aériennes. Si la situation semble sous contrôle, il n’en reste pas moins que les taliban sont présents tout autour de la ville…

C’est ainsi que, le lendemain, des soldats et des policiers afghans sont tombés dans au moins trois embuscades, dans le secteur de Chah-e-Anjir, à une douzaine de kilomètres de Lashkar Gah, alors qu’ils évacuaient leurs positions. Le bilan est très lourd puisque, selon des responsables afghans, il serait d’environ 90 tués. D’autres sources parlent même d’un nombre supérieur.

« On était tout un bataillon là-bas [à Chah-e-Anjir] et, à l’exception de moi et deux autres, personne ne s’en est sorti », a témoigné Faiz Mohammad, un rescapé de ces embuscades, selon l’agence Reuters.

Qui plus est, des dizaines de soldats et de policiers afghans ont été faits prisonniers par les taliban. Et ces derniers ont mis la main sur au moins 22 véhicules de type Humvee, des dizaines de camions et des centaines d’armes.

Le porte-parole du 215e corps d’armée afghan, Mohammad Rasool Zazai, a expliqué ces embuscades par le fait que les troupes affectées à Chah-e-Anjir, qui devaient être « relevées », ont « choisi de bouger sans coordonner leur déplacement avec le commandement. »

Quoi qu’il en soit, les pertes subies par les forces de sécurité afghane, qui bénéficient du soutien de la mission « Resolute Support », de l’Otan, risquent d’atteindre un niveau record cette année. Selon des informations fournies par un fonctionnaire afghan, elles s’éleveraient, entre mars et août, à environ 4.500 tués et plus de 8.000 blessés.

Et cela pose un problème évident : entre les pertes au combat et les désertions, les forces de sécurité afghanes perdent, tous les mois, environ 5.000 hommes et ne gagnent, dans le même temps, que 3.000 recrues. Pour ne rien arranger, les jeunes soldats et policiers sont généralement envoyées au combat après seulement quelques semaines d’instruction, ce qui insuffisant quand il s’agit de faire face à des combattants aguerris comme le sont les taliban.

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