La Turquie n’exclut pas d’acquérir un système russe de défense aérienne

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En novembre 2015, la Turquie annonça sa décision de renoncer à l’acquisition du système chinois de défense aérienne Hongqi-9/FD 2000, choisi deux ans plus tôt dans le cadre d’un appel d’offres auquel avaient participé le consortium franco-italien Eurosam (SAMP-T) et le tandem américain Raytheon/Lockheed-Martin (Patriot PAC-3). Une proposition russe, basée sur proposé le S-300 PMU-2 d’Almaz-Antey, avait été préalablement écartée car jugée trop onéreuse.

Le choix d’Ankara avait donné lieu à une vague de critiques. Membre de l’Otan, la Turquie ne pouvait en effet ignorer que le système Hongqi-9/FD 2000 allait être incompatible avec les réseaux de l’Alliance, sauf à communiquer des informations confidentielles (codes IFF par exemple) à l’industriel chinois, ce qui aurait été susceptible de compromettre les procédures en vigueur entre les Alliés.

Pour autant, la décision turque d’abandonner l’idée d’acquérir le Hongqi-9/FD 2000, fortement inspiré du S-300 russe, fut motivé par au moins deux raisons : la Chine aurait été réticente à concéder les transferts de technologie qu’elle avait pourtant promis et la Turquie aurait perdu une part importante de ses capacités radar en ne reliant pas son système de défense aérienne à celui de l’Otan.

Suite à cela, le gouvernement turc annonça le lancement d’un programme « national », confié à Aselsan, spécialiste de l’électronique militaire, et à Roketsan, qui produit des missiles, et avec le « soutien d’un système d’armement mondialement reconnu ». Ce qui laissait supposer que des discussions étaient toujours en cours soit avec Eurosam, soit avec Raytheon/Lockheed-Martin.

Mais la visite du président russe, Vladimir Poutine, à Istanbul, le 10 octobre, a été l’occasion d’un nouveau rebondissement dans ce dossier. Alors que, il y a encore à peine un an, Moscou et Ankara étaient à couteaux tirés à cause d’un incident aérien au cours duquel des F-16 turcs avaient abattu un bombardier tactique russe Su-24 « Fencer » engagé en Syrie, la Turquie serait en effet disposée à examiner une offre russe pour son système de défense aérienne.

Cette information, donnée par des sources diplomatiques turques, n’a toutefois pas été officiellement confirmée. Mais, lors de leur recontre à Istanbul, les président Erdogan et Poutine n’ont pas seulement signé un accord sur la réalisation du projet de gazoduc TurkStream pour acheminer du gaz russe à l’Europe sous la mer Noire. Ils ont aussi émis le souhait de renforcer les liens militaires entre Ankara et Moscou. Le chef du Kremlin a en effet affirmé que la Russie « était prête à coopérer avec la Turquie dans l’industrie de la défense » et dit espérer que cela « se traduira par des projets concrets. »

Cela étant, si le gouvernement turc penche effectivement pour un système russe, alors ce dernier sera tout aussi incompatible que le Hongqi-9/FD 2000 chinois avec ceux de l’Otan. De quoi s’interroger sur les intentions d’Ankara au sujet de l’Alliance atlantique. D’autant plus que, le 30 septembre, le président Erdogan a remis en cause le Traité de Lausanne de 1923, lequel fixe la frontière entre la Turquie et la Grèce en mer Égée.

Une déclaration qui a été très mal reçue à Athènes, où le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, l’a qualifiée de « dangereuse pour les relations entre les deux pays et pour la région. »

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