Syrie : La Russie a mis son veto à une résolution défendue par la France devant le Conseil de sécurité

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Écartée des discussions ayant abouti, le 9 septembre, à l’accord russo-américain sur un cessez-le-feu en Syrie (qui n’a pas tenu plus d’une semaine), la diplomatie française a lancé une initiative en soumettant au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution appelant à l’arrêt des bombardements sur la ville d’Alep, menés conjointement par les forces aériennes russes et syriennes.

Le 25 septembre, le représentant français auprès des Nations unies, François Delattre, a comparé Alep à la ville Guernica lors de la guerre d’Espagne. « Des crimes de guerre sont commis à Alep », a-t-il avancé, en citant « l’utilisation de bombes incendiaires et de munitions perfectionnées. »

Ainsi par exemple, les hôpitaux ne sont nullement épargnés par les raids, ce qui, au regard des conventions de Genève, constitue un crime de guerre si une telle action est délibérée. De même que les convois humanitaires. Celui attaqué dans la nuit du 19 au 20 septembre au sud-ouest d’Alep (21 morts) aurait bien été visé par des frappes aériennes selon l’ONUSAT, le programme de l’ONU pour les images satellites. Et cela alors que le ministère russe de la Défense avait affirmé le contraire peu après le drame.

Le 3 octobre, peu après la destruction d’un des plus importants hôpitaux d’Alep, Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, a dénoncé le « cynisme » du président syrien, Bachar el-Assad, ainsi que celui de son allié russe.

« J’appelle la Russie à prendre ses responsabilités. Les bombardements des hôpitaux sont des crimes de guerre, est-ce que la Russie acceptera de porter la responsabilité de tels actes insupportables? », a déclaré le patron du Quai d’Orsay à l’antenne de la chaîne TV5 Monde.

« Les images terribles parlent d’elles-mêmes. Quand j’entends aujourd’hui un communiqué de la Russie qui se félicite de l’efficacité de ses bombardements sur Alep en faisant croire que ceux qui sont touchés par ses frappes ce sont des terroristes… mais les images terribles que nous voyons, ce sont des civils, ce sont des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées qui sont tués et mutilés », s’est encore insurgé le ministre.

« Les Casques blancs (sauveteurs civils), qui sont des gens extraordinaires, ont été qualifiés de terroristes par le régime de Bachar et par la Russie. Il faut arrêter le cynisme, le cynisme n’est plus supportable », s’est emporté M. Ayrault. « Ceux qui ferment les yeux et qui sont complaisants porteront une responsabilité », a-t-il prévenu.

Le projet de résolution française a donc été soumis au Conseil de sécurité dans la soirée du 8 octobre. Peu avant, le président Hollande avait estimé qu’un « pays qui mettrait son veto […] serait discrédité aux yeux du monde » et « serait responsable de la poursuite des exactions. »

Seulement, sans surprise, et pour la cinquième fois depuis le début de la guerre civile syrienne, la Russie, en sa qualité de membre permanent, a opposé son veto au texte présenté par la France. Le Venezuela a aussi voté contre cette résolution tandis que la Chine et l’Angole se sont abstenus, les 11 autres pays du Conseil (dont le Royaume-Uni et les États-Unis l’ayant soutenu.

Peu avant le vote, M. Ayrault avait dénoncé la « brutalité inouïe » du régime syrien qui poursuit un « objectif qui n’a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme » mais qui vise à la « capitulation d’Alep ». « Nous avons tous en mémoire Guernica, Srebrenica, Grozny. Ce qui se déroule à Alep est la répétition de cette tragédie’, avait-il conclu.

Des arguments qui n’ont donc pas convaincu la Russie qui, après avoir mis son veto à le projet de résolution française, a soumis dans la foulée son propre texte, lequel n’exigeait pas l’arrêt des bombardements sur Alep mais appelait plus généralement à « une cessation des hostilités, notamment à Alep ».

Mais ce projet de résolution russe n’a pas non plus été adopté. Si la Chine, le Venezuela et l’Égypte l’ont soutenu, 9 autres membres du Conseil de sécurité ont voté contre (dont la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni), l’Angola et l’Uruguay s’étant abstenus.

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