La Suède va rétablir le service militaire

suede-20140423Alors que certains responsables politiques français parlent de rétablir le service national sous une forme différente de ce qu’il était au moment de sa suspension, en 2001, la Suède va renouer avec la conscription, qu’elle avait abandonnée il y a seulement 6 ans.

En effet, le 28 septembre, le gouvernement suèdois a annoncé son intention de rétablir le service militaire obligatoire (le « lumpen ») à partir de 2018 pour les jeunes gens nés après 1999. Étant donné que cette mesure fait l’objet d’un consensus entre la majorité de gauche et l’opposition de centre-droit, elle a toutes les chances d’être adoptées.

Cela étant, l’abandon de la conscription, en 2010, n’avait été voté qu’à une très courte majorité. À l’époque, les arguments en faveur de la fin du service militaire, institué en 1901, mettaient l’accent sur la nécessité de disposer d’une armée professionnelle capable de pouvoir intervenir sur des théâtres d’opérations extérieur. Et en effet, la Suède venait alors de participer à plusieurs missions internationales sous la bannière de l’Union européenne (Eufor Tchad, RD Congo) ou dans le cadre de sa coopération avec l’Otan (Kosovo, Afghanistan).

Cette décision de rétablir la conscription n’est officiellement pas liée au contexte sécuritaire dans la région de la Baltique, marqué par une activité militaire russe intense, dénoncée par les pays nordiques. C’est d’ailleurs pour cette raison que la Lituanie a remis le service militaire au goût du jour.

L’explication donnée par les autorités suédoises est que les forces armées éprouvent les plus grandes difficultés à trouver des recrues. Pour Johan Ôsterberg, interrogé par l’agence de presse TT, le rétablissement du service militaire est « une proposition intelligente » étant donné que « le volontariat ne suffit pas pour fournir l’armée en soldats, à la fois en quantité et en qualité. »

« J’espère que nous allons trouver une voie vers un mode de recrutement plus stable, robuste et fonctionnel », a commenté Peter Hultqvist, le ministre suédois de la Défense.

Quoi qu’il en soit, ce retour à la conscription coïncide avec une hausse des dépenses militaires suédoises ainsi qu’avec l’actualisation annoncée du concept de « défense totale », destiné à répondre aux menaces de guerre hybride et le retour du présence militaire permanente sur l’île stratégique de Götland. Du jamais vu depuis la fin de la Guerre Froide.

Ces dernières années, et après avoir organisé un référendum sur ce sujet, la Suisse et l’Autriche ont décidé de conserver la conscription. La question se pose actuellement en Corée du Sud, où le gouverneur de la province du Gyeonggi, Nam Kyung-pil, a récemment proposé de supprimer le service militaire. Une idée reçue avec circonspection par Han Min-koo, le ministre sud-coréen de la Défense. « Parmi les 192 pays dans le monde, 52% ont choisi le système professionnel tandis que 47% maintiennent la conscription. Les pays qui ont des menaces accrues de l’ennemi maintiennent davantage le système obligatoire », a-t-il fait valoir alors qu’il était interrogé sur ce sujet par des parlementaires.

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