La Russie suspend un accord avec les États-Unis portant sur l’élimination du plutonium militaire

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En 2000, le vice-président américain, Al Gore, et le Premier ministre russe, Mikhaïl Kassianov, établirent l’accord PMDA (Plutonium Management and Disposition Agreement) visant à réduire les stocks de plutonium détenus par les États-Unis et la Russie. Ce texte fut amendé 10 ans plus tard par Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, et Sergueï Lavrov, qui était déjà le chef de la diplomatie russe.

Ainsi, il avait été convenu entre les deux parties de se débarrasser de 68 tonnes de plutonium, soit la quantité nécessaire pour fabriquer 17.000 armes nucléaires, en les transformant en surplus en combustible à oxydes mixtes (MOX) afin d’alimenter les réacteurs nucléaires civils et de produire ainsi de l’électricité.

« En se servant de réacteurs nucléaires civils pour nous débarrasser de ce plutonium, nous récolterons un bienfait supplémentaire : produire de l’électricité pour nos populations tout en éliminant un grave danger potentiel », fit valoir, à l’époque, Mme Clinton.

Quant à son homologue russe, il avait estimé que cet accord revêtait une « importance très significative » dans la mesure où il contribuait aussi à l’application de l’Article VI du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), et donc au désarmement. D’ailleurs, dans le même temps, la Russie avait annoncé la fermeture de son dernier reacteur à plutonium, implanté en Sibérie, à Jeleznogorsk, et dont l’existence fut longtemps tenue secrète.

Mais pour transformer ce plutonium dès 2018, comme le prévoyait l’accord de 2010, encore fallait-il disposer des infrastructures adéquates. Et, à cette fin, Washington devait fournir une aide de 400 millions de dollars à Moscou.

Seulement, le PMDA a du plomb dans l’aile. Ce 3 octobre, le président russe, Vladimir Poutine, a décidé d’en suspendre l’application en raison de « l’émergence d’une menace sur la stabilité stratégique, résultat d’initiatives inamicales de la part des Etats-Unis d’Amérique à l’égard de la Fédération de Russie » et aussi à cause de « l’incapacité » des autorités américains « à assurer le respect de leurs obligations ».

« Cela signifie que la Russie ne compte plus être la seule à remplir les obligations de cet accord », a expliqué Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

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